Chandigarh, première ville construite après l'indépendance de l'Inde, est bien plus q'une simple capitale régionale. Située aux portes de l'Himalaya, cette cité avant-gardiste séduit par son urbanisme à grande échelle, sa structure pensée comme un corps humain, et son harmonie entre modernité et verdure. Elle incarne une vision futuriste faite de béton armé, de bâtiments monumentaux et de voies de circulation parfaitement organisées. Entre lac, maisons minimalistes, sculptures emblématiques et parcs luxuriants, Chandigarh offre un équilibre rare, celui d'une ville où l'humain, la nature et le design coexistent avec fluidité. Un modèle urbain unique en Inde, et un terrain de jeu fascinant pour les amateurs d'architecture, d'histoire et de sérénité.
La capitale de Chandigarh exprime avec force la naissance du nouvel Etat indien. La ville tire son appellation de la divinité tutélaire Chandi, qui a un temple (Chandi Mandir) dans un district voisin, et d’un fort de Garh situé dans l’aile du sanctuaire religieux. Chandigarh – le « fort de Chandi » – est une ville forte qui remplit une vocation d’unité et de paix pour le peuple indien, après des années à combattre, à s’entre-tuer et à conquérir leur liberté lors de l'indépendance de l'Inde.
Tout commença lorsque Lahore, l’ancienne capitale du Pendjab, est passée sous autorité pakistanaise. Lors de la dissolution de l’empire colonial des Indes en 1947, l’Est de la province du Pendjab a été partagé en cinq parties : le Pendjab indien, l'Himachal Pradesh, l’Haryana, le Chandigarh et le Pradesh.
A la recherche d’une nouvelle capitale pour l’Etat du Pendjab, le Premier ministre Nehru demanda les services de Le Corbusier, un brillant architecte français. Ce dernier reprit le projet initialement amorcé par Albert Mayer, urbaniste américain, et son collègue Matthew Nowicki, décédé tragiquement. Une cité originale est sortie de terre : toits terrasses, rues végétalisées, maisons en béton armé aux tons sobres qui trahissent la signature de leur auteur.
Le plan d'urbanisme à grande échelle a été affiné avec la collaboration précieuse de Pierre Jeanneret, Jane Drew et Maxwell Fry, tous architectes majeurs du XXe siècle. C’est sur les collines des Shivaliks, dans le district d’Ambala, que la province s’est reconstituée un cœur pour compenser la perte de Lahore.
Chandigarh se présente comme une ville modèle en pleine prospérité. C’est l’une des rares villes à taille humaine en Inde, qui échappent à la surcharge démographique, à la promiscuité et à la pauvreté. En érigeant la nouvelle capitale, le Corbusier eut l’ambition de lui donner une allure de smart cities, où tout est possible sans frôler l’excès, où tout se produit et s’industrialise sans porter atteinte à l’intégrité de la nature, où les quartiers d’affaires jouxtent des espaces de verdure pour contenter les besoins d’évasion.
Abritant plus de 1 million d’habitants, soit une population modérée à l'échelle indienne, l’enceinte de Chandigarh est entourée de magnifiques places publiques. L’architecte n’a aménagé aucune voie de communication routière au sein du centre-ville, faisant ainsi de la capitale « le paradis des piétons ».
Cela dit, les voyageurs occidentaux connaissent Chandigarh comme une ville d’architecture avec ses fameux bâtiments futuristes, comme ceux qui bordent le complexe du Capitole. Étant une jeune cité, cette destination est en effet pauvre en monuments et en souvenirs historiques. Chandigarh plaît essentiellement par son air d’avant-garde qui allie les atouts du développement technologique au rayonnement de la nature. Les nombreux parcs de la ville, comme Leisure Valley, le Jardin des roses, le Jardin des senteurs ou le parc Hibiscus, et les aires de jeux pour enfants en témoignent. En outre, parmi les musées à visiter, on peut citer par exemple l'Art Gallery et le Government Museum, tous deux enrichis par l'héritage du design moderniste.
La ville est sortie de terre entre 1950 et 1960, en suivant un plan d’urbanisme à grande échelle impressionnante. La capitale est considérée comme l’un des plus beaux chefs-d’œuvre de l’architecture contemporaine. Dans la conception corbuséenne, Chandigarh est construite à l’exemple du corps humain, avec une tête, un intellect, un cœur, des poumons et des vaisseaux de circulation :
La façade des bâtiments accuse un style brutaliste : béton brut, longue suite de fenêtres, sécheresse du décor, toits terrasse de forme inclinée…, donnant à la ville tout son cachet. Certains murs mesurent plusieurs mètres de long, accentuant l'effet monumental voulu par l'architecte.
Le climat de Chandigarh varie fortement au fil de l'année, et bien choisir votre période de visite peut faire la différence. La meilleure période pour y aller s'étend de fin octobre à mars. Les températures sont alors agréables, entre 10 et 25 °C, idéales pour se promener dans les espaces verts, visiter les bâtiments emblématiques en béton armé, ou encore flâner autour du lac Sukhna, un lieu phare de la ville.
En revanche, les mois d'avril à juin sont marqués par une chaleur intense. Le thermomètre dépasse régulièrement les 40 °C, ce qui peut rendre les visites éprouvantes, surtout en milieu de journée. La mousson, entre juillet et septembre, apporte une ambiance plus humide et de fréquentes averses. Même si la végétation devient luxuriante, et la ville plus tranquille, certaines activités peuvent être perturbées par la météo.
Chandigarh est bien connectée au reste de l'Inde grâce à ses infrastructures modernes, ce qui la rend facilement accessible.
L'aéroport international de Chandigarh (IXC) se trouve à environ 13 km du centre-ville. Il dessert plusieurs grandes villes indiennes comme Delhi, Mumbai, Bangalore, Hyderabad ou Jaipur, avec des vols réguliers. Quelques liaisons internationales sont également proposées, notamment vers le Moyen-Orient.
La gare ferroviaire de Chandigarh est bien desservie, avec des trains directs depuis New Delhi, Amritsar, Kolkata, Jodhpur, ou encore Shimla (via Kalka). Des trains populaires comme le Himalayan Queen ou le Jodhpur Kalka Express assurent des liaisons efficaces et abordables.
Chandigarh est reliée par un excellent réseau routier. Depuis Delhi, le trajet en voiture ou en bus prend environ 4 à 5 heures via l'autoroute NH44. Des bus climatisés (volvo ou deluxe) sont disponibles toute la journée au départ de la capitale. Si vous souhaitez plus de liberté, vous pouvez louer une voiture avec ou sans chauffeur.
Se déplacer à Chandigarh est étonnamment simple. La ville dispose d'un système de bus publics efficace, idéal pour rejoindre les principaux sites touristiques. Pour plus de flexibilité, les auto-rickshaws, taxis ou services comme Uber permettent de circuler facilement d'un secteur à l'autre. Il est recommandé de négocier les tarifs des rickshaws avant le départ.
Chandigarh se distingue aussi par son accessibilité à pied ou à vélo. Grâce à ses voies piétonnes, ses pistes cyclables et son centre sans axes routiers majeurs, la ville offre une expérience fluide et agréable pour les explorations calmes. Ceux qui souhaitent se déplacer vers les régions voisines, comme le Himachal Pradesh, peuvent opter pour une voiture avec chauffeur, un mode de transport confortable et bien adapté aux excursions.
Il est impossible de s’ennuyer à Chandigarh. Coquette, verdoyante et festive à la fois, la capitale du Pendjab et de l’Haryana offre beaucoup à voir et à visiter :