Covid-19 : la situation au cœur de votre agence locale au Kirghizistan - Nomadays

Covid-19 : la situation au cœur de votre agence locale au Kirghizistan

06 avr. 2020

Aujourd’hui, nous recueillons le témoignage de Alina Baetova, directrice de l’agende de voyage locale Kyrgyz What ?, membre du réseau Nomadays. Depuis Bichkek, la capitale du Kirghizistan, Alina nous livre son ressenti sur la situation actuelle et sur les conséquences du coronavirus sur le pays et son quotidien professionnel.

 

"C'est un vrai coup dur. Nos guides, chauffeurs et hôtes vivent en grande majorité uniquement des revenus de la saison estivale pour nourrir leurs familles tout au long de l’année."

 

Le 21 mars devait célébrer la grandiose fête de Nowruz au Kirghizistan, le nouvel an local. Jeux nomades, danses, concerts, et plats traditionnels devaient rythmer cette fête tant attendue par les kirghizes mais aussi par de nombreux voyageurs. Le Nowruz marque généralement le début de la saison touristique pour Kyrgyz’What et pour les familles qui s’apprêtaient à accueillir les groupes. Mais c’est une toute autre réalité qui frappe le début de l’année : fermeture des frontières, instauration de l’état d’urgence et début de l’épidémie de coronavirus dans le pays.

      « Heureusement, nous avions reporté notre premier groupe de clients suffisamment tôt, dès que le gouvernement a pris des mesures restrictives envers les touristes. Nous n’avons donc pas eu à rapatrier des voyageurs ». Pour Alina et son équipe, c’est un vrai coup dur car la saison touristique au Kirghizistan ne dure que les quelques mois d’été. « C’est surtout désolant pour nos partenaires, qui sont en grande majorité de simples familles kirghizes. Depuis la création de notre agence, nous privilégions les séjours chez l’habitant dans des petits villages, pour participer au développement local. Nos guides, chauffeurs, et hôtes vivent en grande majorité uniquement des revenus de la saison estivale pour nourrir leurs familles tout au long de l’année. Nous faisons tout pour les rassurer, en espérant que la situation soit bientôt résolue, et nous allons essayer d’augmenter notre offre en dehors de cette haute saison, une fois que la pandémie sera sous contrôle, pour continuer à soutenir ces familles. »

 

« La priorité est de limiter au possible la propagation du Covid-19 et de sauver des vies »

 

« Evidemment c’est difficile, nous ne savons pas comment vivre pendant cette crise. Mais nous ne sommes pas les seuls à nous retrouver sans salaire dans notre pays. Depuis le début de l’état d’urgence, beaucoup de gens sont sans emploi, et dans un pays comme le Kirghizistan, peu de familles ont des économies. Mais nous comprenons tous que la priorité est de limiter au possible la propagation du Covid-19 et de sauver des vies.

L’équipe de Kyrgyz’What reste en contact avec ses clients pour les tenir à jour de la situation, prendre de leurs nouvelles et leur remonter le moral, car économiquement et moralement, ce n’est facile pour personne. Ce n’est pas évident pour nos clients non plus. On les attendait avec impatience, et beaucoup sont déçus de ne pas pouvoir effectuer le voyage qu’on planifiait ensemble depuis des mois. Mais le temps viendra, il faut juste s’armer de patience et d’amitié. On les accueillera toujours les bras ouverts et le sourire aux lèvres, peut-être encore plus maintenant lorsqu’on se rend compte à quel point voyager est un privilège. »

 

« Je reste optimiste sur l’avenir de notre métier et de notre destination. Beaucoup de voyageurs comprennent maintenant l’importance d’avoir un contact sur place en cas de difficultés. »

 

« Surtout, je pense qu’après cette période de confinement, les gens vont vouloir plus que jamais voyager, randonner, profiter de la nature et du plein air, renouer avec la vie simple, pure et sincère. Même moi, je regarde depuis ma fenêtre les montagnes enneigées et rêve de sortir de la ville, de marcher, de dormir sous une yourte… J’espère que le monde saura vite soigner et contrôler le Covid-19, pour limiter les victimes et pour que l’on puisse à nouveau sortir de chez nous. Il faudra sûrement repenser notre manière de voyager, de rencontrer les autres et de vivre, tout simplement. »

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