La méharée en Mauritanie - Nomadays

Mauritanie

La méharée en Mauritanie

Qu’est-ce qu’une méharée ?

Méharée – définition : Le terme méharée est employé pour qualifier l’action de se déplacer à chameau, sur une selle prévue à cet effet. Le « cavalier » est alors appelé méhariste.
La constitution de la caravane, le rapport avec les chameliers composant l’équipe, la relation qui s’établie avec « sa » bête, le regard heureux des nomades croisés sur la piste font de cette façon de voyager un faisceau d’expériences uniques et rares. La cohésion et la complicité entre les caravaniers et les animaux font aussi de ce mode de déplacement une aventure humaine hors du commun.

Comment se déroule une méharée ?

La méharée permet d’alterner entre la monte et la marche. Qu’elle soit d’initiation ou au long court, il est de coutume de marcher à pied en début de journée afin que la bête s’échauffe.

Au bout d’une bonne heure environ, le méhariste prend place sur la selle. Il est alors agréable de faire une partie du trajet installé là haut, l’œil posé sur le paysage et l’oreille à l’écoute des bruits ou du silence. Cependant, tous les passages délicats se font à pied.

Le chameau est facile à monter et à conduire. Il n’a pas une allure rapide et on peut le suivre à pied. Mais il vrai que, comme il peine moins que le piéton, il peut le distancer en terrain plat et sablonneux.

Durant la méharée, chaque personne dispose d’un chameau de selle, sur lequel il monte lorsque le terrain le permet. La caravane est également composée de chameaux de bât indispensables au transport des bagages.

Aujourd’hui, dans certains pays, l’utilisation d’un véhicule d’assistance voit le jour. Il nous est souvent imposé par les autorités locales où par nos partenaires car les pratiques caravanières avaient totalement disparues. Cette utilisation, que nous essayons de maitriser, doit être la plus discrète possible afin de ne pas dénaturer la philosophie de ces voyages en méharée.

Ce qu’il faut savoir

Au début et durant tout le temps de la méharée, le méhariste ne doit jamais monter et descendre seul de son chameau. Les chameliers seront toujours là pour l’aider et le conseiller. L’expérience nous a appris que beaucoup de néo-méharistes aimeraient monter et descendre de leur chameau sans l’aide des chameliers, le diriger d’une façon un peu indépendante par rapport à la caravane, le faire trotter, voire galoper. Les chameliers craignent qu’il tombe et qu’il se blesse. Ils seraient très ennuyés pour vous, mais risqueraient aussi de subir un préjudice dans leur emploi. Dans un but de sécurité, ils surveillent de près le méhariste non confirmé et s’en sentent responsables. En cas de chute grave, il faut aussi savoir que le transport d’un blessé est souvent complexe ; les centres de soins sont éloignés et difficiles à joindre. Les chameaux ainsi que les selles sont pour les chameliers un véritable capital. Aussi, ils veillent à ce que l’animal ne soit pas blessé et/ou la selle cassée.
Après quelques jours, le méhariste a l’impression de faire bon ménage avec sa monture. Sachez que le chameau peut avoir des réactions inattendues vis-à-vis par exemple d’un bruit inhabituel, d’un objet inconnu, d’un mouvement brusque à ses côtés, d’un autre chameau qui court, etc. Pris isolément, un chameau n’a souvent pas les mêmes attitudes qu’en groupe.
Par exemple, resté en arrière de la caravane, il se relèvera très brusquement au moment même où vous le monterez alors que, d’habitude, il le fait en douceur. C’est qu’il est pressé de rejoindre les autres, et le méhariste risque fort d’aller à terre ! Les chutes peuvent être dangereuses compte tenu de la hauteur de l’animal et de la nature caillouteuse du terrain.
Le chameau, élevé en troupeau, n’aime pas se différencier des autres. Pourquoi courir, tourner à droite, tourner à gauche, ralentir, rester en arrière, alors que les autres suivent la caravane ? Ils sont habitués à rester ensemble, et à aller à l’allure ordinaire qui est le pas. Pour tout savoir sur la répartition géographique des selles de chameaux il faut vous rentre sur l’article du blog etho-selles.

Sylvain PHILIP – Octobre 2010