Nuit sur l’Adrar : Quand le Sahara chuchote - Nomadays

Mauritanie

Nuit sur l’Adrar : Quand le Sahara chuchote

12 nov. 2025

Allongé sur mon matelas, j’écoute avec attention le murmure singulier de l’eau qui s’écoule là-haut, sur le plateau de l’Adrar. Cette nuit est, comme à l’accoutumée, d’une beauté pure et silencieuse. La falaise de l’Adrar se dresse, immense forteresse minérale, au-dessus de moi, dominant avec majesté la vallée — el bâten, en hassaniya —, et cette forêt de Tazazmout, où acacias, balanites et capriers défient, têtus, l’aridité du Sahara mauritanien.

Au nord, les dunes de l’erg Makteir obstruent l’horizon, immobiles dans leur éternité mouvante. Pourtant, chaque grain de sable, infatigable voyageur, poursuit sa route inexorable vers l’ouest, poussé par l’harmattan, vers l’océan Atlantique qu’il atteindra peut-être un jour lointain.

En ce début d’octobre, l’orage gronde au sud. Les éclairs déchirent le ciel de mille feux, révélant par intermittence les silhouettes des reliefs lointains. À mes côtés, elle dort, profondément et paisiblement, comme si la puissance des éléments n’était qu’un doux bercement.

Il pleut sans doute sur l’immense reg d’Azilal, au nord de Wadane. Cette année, les pluies d’automne sont au rendez-vous, généreuses mais capricieuses, éparpillées comme un trésor caché. Le guelb er Richat, avec ses cercles parfaits, abrite entre chaque rîch des lacs mystérieux que la pluie ranime en secret.

Le front intertropical glisse vers le sud, annonçant l’approche de l’hiver et de la fraîcheur. Ici, sous ce ciel sans limites, tout n’est qu’éternel recommencement, une danse lente et patiente où le désert enchaîne ses cycles infinis.

J’aime ces moments intenses où mon esprit s’envole, où le monde semble suspendu entre la force brute de la nature et la sérénité de ces nuits sahariennes.

 

Sylvain, le 10 octobre 2025 — Tazazmout, Mauritanie