Qui était Chingiz Aitmatov, écrivain kirghiz reconnu mondialement - Nomadays

Kirghizistan

Qui était Chingiz Aitmatov, écrivain kirghiz reconnu mondialement

10 janv. 2020

L’écrivain kirghiz le plus connu est, sans conteste, Chingiz Aitmatov. Son éloquente écriture a fait le tour du monde, et c’est d’ailleurs grâce à lui que beaucoup de pays ont découvert l’existence du Kirghizistan, de son peuple résilient et de ses montagnes sans fin.

Traduit dans plus de 150 langues, Chingiz Aitmatov (aussi écrit Aytmatov) a laissé au monde des oeuvres d’art sans égales, qui chantent la beauté et la dureté de son pays et de son peuple. Ses récits font voyager dans la Kirghizie soviétique, contant avec honnêteté les défauts du régime et le courage de jeunes héros. Ses histoires racontent aussi bien la politique que l’amour pur, la révolte, la vie quotidienne, la fuite, les traditions, la famille, la force des femmes, l’éducation et bien d’autres encore ; tout cela sur toile de fond des Monts Célestes et des steppes du nord du Kirghizstan.

Un écrivain admiré mondialement

« Tout ce qui arrive au monde arrive à chacun d’entre nous personnellement ». Cette phrase, tirée d’un récit de Chingiz Aitmatov, aurait pu devenir le slogan des Nations Unies – c’est ce qu’affirmait Alison Smale, Secrétaire générale adjointe à la communication globale des Nations Unies lors de l’inauguration d’une exposition dédiée à l’écrivain kirghiz à New York en 2018.

Chingiz Aitmatov était un écrivain humaniste et visionnaire, qui parlait du changement climatique, de la perte des traditions et du féminisme avant l’heure. Dans un très bel éloge à Chingiz Aitmatov, peut être le plus connu des kirghizes, le président du Kirghizistan Soroonbai Jeenbekov a déclaré : « Le nom de Chingiz Aitmatov continuera à vivre tant qu’il y aura des kirghizes, tant que notre pays, le Kirghizistan, existera et fleurira sur notre terre. »

Chingiz Aitmatov (1928-2008) est né dans la région de Talas au Kirghizistan. Correspondant pour le journal « Pravda », il a commencé a publié dès 1952. Né d’une mère Tatare et d’un père Kirghiz, il est considéré partout en Asie central comme « le sien ». D’ailleurs, Aitmatov écrivait aussi bien en sa langue natale, le kirghiz, qu’en russe, langue qu’il maitrisait avec excellence. C’est l’écrivain soviétique le plus décoré : il a notamment reçu trois prix d’Etat et le prix Lénine, ainsi que de nombreux prix internationaux. Juste avant sa mort, la Turquie avait déposé un dossier pour le nominer pour le Prix Nobel de la littérature.

   

Un engagement politique

Malgré l’exécution de son père par les soviétiques en 1938, Chingiz Aitmatov était un grand disciple de l’internationalisme et du régime communiste. Pourtant, il n’a pas hésité à en critiquer les failles dans ses nombreux récits, toujours assez subtilement pour échapper la censure.

Chingiz Aitmatov a également une importante carrière politique derrière lui. Il a, entre autres, était le conseiller (et l’ami) de Mikhail Gorbatchev, puis ambassadeur du Kirghizistan  à l’Union Européenne, à l’OTAN, au Luxembourg, en Belgique et aux Pays Bas.

Quelques oeuvres de Chingiz Aitmatov

Djamilia

« C’est la plus belle histoire d’amour du monde » : c’est avec ces mots que Louis Aragon, auteur d’une magnifique traduction de Djamilia, décrivait cette splendide oeuvre de Chingiz Aitmatov. Djamilia est une poignante histoire d’un amour interdit, d’un amour impossible, placé sur toile de fond des montagnes kirghizes. Elle est racontée par les yeux d’un jeune garçon, Seït, innocent, curieux et artiste, qui tourne ses phrases d’une manière aussi belle et acharnée que l’histoire elle-même.

Il fut un blanc navire

C’est l’histoire d’un jeune garçon perdu dans le monde injuste des adultes, qui guète le lac Issyk Kul pour voir un navire blanc, sur lequel il est sûr de retrouver son père...

Le premier maître

Cette collection de nouvelles prend son titre d’une magnifique histoire engagée signée Chingiz Aitmatov, celle d’un jeune communiste idéaliste, professeur, qui souhaite éduquer les enfants dans un village où ce n’est pas coutume. Le récit relate ses efforts pour amener les enfants à l’école et leur enseigner, malgré le refus des parents et les traditions qui leur permettent, entre autres, de marier leurs filles jeunes... C’est une oeuvre qui chante la liberté, l’éducation, le féminisme, et l’égalité.

Une journée plus longue qu’un siècle

Ce livre de Chingiz Aitmatov mêle science fiction et politique, et déjoue en beauté la censure soviétique. Même si Aitmatov était un grand partisan des idées soviétiques, il n’a pas hésité à critiquer le régime. L’histoire retrace la procession funéraire dans les steppes kazakhes, au cours de laquelle les personnages racontent leurs expériences de la guerre, de la tyrannie, de l’injustice etc.

 

 

Marion Biremon