Quelques jeux nomades kirghizes - Nomadays

Kirghizistan

Quelques jeux nomades kirghizes

31 oct. 2019

Si les kirghizes sont devenus sédentaires au 20ième siècle, ils ont gardé beaucoup de traditions de leur héritage nomade, dont de nombreux jeux encore populaires aujourd’hui. En voici quelques-un, qui participent à préserver une culture originale, charmante et authentique au Kirghizistan.

Le Kok-Boru : football national

Ce sport à cheval, qui s’apparente à du polo, du rugby ou encore du football, est rependu partout en Asie centrale sous différents noms (buzkachi, kokpar, ulok...). Les règles peuvent aussi varier selon les pays.

Le Kok-Boru reste le sport le plus populaire au Kirghizistan aujourd’hui. Il se joue en équipe de 12 maximum, avec 4 joueurs à la fois sur le terrain. Les cavaliers doivent attraper depuis leur monture un cadavre de mouton ou de chèvre, sans tête, et galoper pour le déposer dans un but. L’équipe qui marque le plus de points gagne. Le jeu se joue en trois tri-temps de 20 minutes.

Ce sport, souvent réservé aux hommes, montre avec grâce l’agilité et l’excellence des cavaliers kirghizes. En effet, ils doivent se plier pour atteindre l’animal déposé par terre, se sortir d’impressionnantes mêlées de chevaux, devancer leurs adversaires et lancer la bête, une « balle » de plus de 30 kilogrammes, dans un haut but. Il comprend souvent aussi de la lutte entre les joueurs et les chevaux. Ces derniers, d’ailleurs, sont entraînés à pousser ou mordre les autres animaux, et sont tout autant respectés que leurs cavaliers.

Le Kok-Boru est joué presque toutes les semaines dans les villages, à l’occasion de fêtes, de mariages, ou sponsorisé par des familles aisées. Il existe aussi des tournois nationaux et mondiaux de Kok-Boru. Beaucoup plus qu’un sport, c’est un mode de vie nomade, imprégné dans l’âme et la culture des kirghizes, qui en sont très fiers.

Jusqu’à récemment, ce sport, emblème de la culture nomade, se jouait individuellement. Des dizaines, voire des centaines d’hommes, se battaient pour la chèvre et s’affrontaient pour augmenter leur score personnel. Le Kok-Boru servait à préparer les chevaux et les hommes à la guerre, tout au long de l’année. Ce n’est qu’en 1996 que le Kirghizistan fonda une Fédération du Kok-Boru et adopta des règles pour en faire un sport d’équipe, jouable sur l’arène internationale.

Vous aurez peut-être la chance d’assister à un match de Kok-Boru lors de votre séjour au Kirghizistan, dans des villages ou au lac Son Kul.

   

Kyz Kumay : qui de l’homme ou la femme sera le meilleur ?

Ce jeu intéressant voit s’affronter une femme et un homme, tous deux à cheval. Dans une première partie, l’homme doit rattraper la femme. S’il réussit, il peut l’embrasser. Puis, l’heure est à la revanche : la femme course l’homme et peut le fouetter si elle le ratrappe. Ce jeu rapide apporte beaucoup de bonne humeur lors des fêtes.

   

Le classique tir à l’arc

Les peuples nomades sont des experts du tir à l’arc, que ce soit à pied ou à cheval. D’ailleurs, le Kirghizstan est connu pour avoir d’excellentes femmes maîtres de ce sport, dont certaines tirent idéalement avec leurs pieds et au galop ! Ne ratez pas l’occasion de voir une démonstration de tir à l’arc.

      

La lutte : démonstration de force

Autre sport très important pour les nomades, la lutte permettait de garder les hommes en forme en temps de paix, et de mettre à l’épreuve leur force. Il existe de nombreuses formes de lutte populaires parmi les kirghizes depuis des siècles déjà. On retrouve des traces écrites de compétitions de lutte dans d’anciens textes et dans les épopées.

Traditionnellement, la seule règle est qu’un participant gagne lorsque son adversaire est à terre. Il y a très peu de règles et d’intervention des arbitres. Il n’y a aucune limitation de poids non plus, et le concours se termine avec un seul gagnant, le meilleur.

Une forme de lutte populaire au Kirghizistan est l’ « er enish », lutte à cheval. De fait, le cheval faisait partie intégrante de la vie des nomades, étant leur seul moyen de transport pendant des siècles, leur outil pour élever le bétail, et leur fidèle compagnon. Cela explique que la plupart des sports se déclinent dans une version équestre. Il faut alors faire tomber l’adversaire du cheval, pour qu’au moins une partie de son corps touche la terre. C’est une version spectaculaire de la lutte, souvent agressive, où les chevaux doivent être très costauds eux-mêmes et parfaitement obéissants.

   

Tiyin Enmei : ramasser la monnaie

Ici, les jeunes cavaliers partent au galop pour ramasser de la monnaie déposée sur le sol. Aujourd’hui, ce sont souvent des coupures de 20 et 50 soms, mais cela dépend de la générosité du public.

   

Le tir à la corde

Ce classique de l’enfance ou des fêtes en famille a en fait ses origines dans la culture nomade. Le tir à la corde est un sport d’équipe, de clan, qui ne requiert pas beaucoup de matériel et peut se jouer n’importe où, à n’importe quel moment : idéal, donc, pour un peuple toujours en mouvement.

Ce sport permet de savoir qui de deux équipes ou tribus est la plus forte ; d’ailleurs, il ne s’agit pas que d’une démonstration de force physique, mais aussi de stratégie et de coopération.

Profitez de votre séjour dans les pâturages de Son Kul ou à Tach Rabat pour vous y essayer !

   

Ordo : jeu d’osselets

C’est un jeu adoré par les enfants nomades kirghizes : l’ordo, un jeu de stratégie et de conquête, se joue avec des osselets de mouton. Il représente l’ « ordo », le siège du Khan, tracé par un cercle en craie sur le sol, et la bataille pour s’en emparer. C’est un peu comme une partie de pétanque. Ici, il faut lancer les osselets pour envoyer la pièce centrale, représentant le Khan, en dehors du cercle. On considère alors que la bataille est gagnée.

   

Toguz Korgool : mancala à la kirghize

Non, les kirghizes ne se divertissent pas seulement avec des jeux de force et de chevaux. Un de leur passe-temps préféré est le toguz korgool, une variante du mancala, un jeu de société très connu en Asie. Le but du jeu est de récolter le plus de pions possible. Chaque joueur a neuf puits, où sont déposés neuf pions – c’est d’ailleurs ce chiffre qui a donné le nom au jeu, « toguz » signifiant neuf en langue kirghize. A l’origine, ce jeu était aussi pratiqué par les armées et les soldats pour développer leur sens de stratégie militaire.

 

Marion Biremon