Kachan - Nomadays
Kachan

Luxueuse, verdoyante, remplie de curiosités artistiques, Kachan est encore une destination peu pratiquée en Iran. Dommage, puisque la ville regorge de lieux d'intérêt.

Introduction

Situé dans l'Iran central, sur la route entre Téhéran et Ispahan, le bourg de Kachan est un oasis de fraîcheur posé sur le désert. Difficile de ne pas tomber amoureux de cette cité-jardin, qui s'attache au faste de son architecture, au prestige de ses céramiques et à l'opulence de ses tapisseries ornementales. Bien avant l'avènement du tourisme, les souverains safavides du 16e siècle ont aménagé des palais d'été et d'hiver à Kachan en guise de maison de repos. Le jardin de Fin , considéré comme le fleuron des jardins traditionnels persans , rencontre un succès phénoménal auprès des visiteurs. Amateurs de trésors médiévaux ? Kachan vous propose un musée à ciel ouvert ! Si vous avez une âme de globe-trotter, une aventure exaltante vous attend dans le désert de Maranjab etson immense lac de sel.

Notes d'histoire

Le site fut occupé il y a des milliers d'années avant notre ère, plus précisément dès le Paléolithique supérieur. Les outils en pierre repérés près de la source de Sefid-Ab en font foi. Les figures peintes retrouvées dans les sépultures du site de Tepe Sialk en apportent également la certitude. La campagne de fouille a permis de déterrer des vases en terre cuite, parmi les plus anciens du monde ; la qualité des motifs était d'abord grossière, puis s'est améliorée au fil du temps. D'autres preuves, comme la ziggurat de Sialk – une structure pyramidale à plusieurs terrasses soutenant un temple à son sommet –, laisseraient entendre que la région but le berceau d'une importante civilisation préhistorique.

Les archives restent muettes sur la conquête islamique de Kachan. À l'instar des autres territoires de la Perse, elle est probablement devenue la possession du califat d'Omar vers le 17e siècle. La légende parle d'un soldat sassanide répondant au nom d'Abu-Lu'lu'ah qui fut retenu prisonnier après la bataille de Kadisiya. Estimé pour ses talents de charpentier, l'esclave s'est attiré les bonnes grâces de son maître qui l'autorisa à habiter dans sa propre demeure à Médine, la capitale musulmane. Au cours de la prière du matin (Fajr), Abu-Lu'lu'ah descendit le calife Umar al-Khattab à l'aide d'un coup de poignard caché dans un pan de sa robe. La tombe de ce guerrier criminel, salué comme un héros national, est visible jusqu'à nos jours.

Au Moyen-âge, la ville de Kachan a connu son apogée pendant l'Iran des Séfévides, soit du 16e au 18e siècle. Les rois de cette dynastie ont opéré une renaissance artistique, intellectuelle et spirituelle sans pareille. Le jardin de Fin , avec ses cyprès et ses fontaines, fut un héritage de cette période prospère. Servant de parc de loisirs pour la cour royale, il fut témoin d'une triste tragédie : l'exécution en 1852 du grand chancelier Amir Kabir, qui rendit son âme dans l'un des bains royaux du jardin.

Aujourd'hui

Connue dans le monde entier comme un foyer d'artisanat, de poterie et de textile , Kachan, petite bourgade de 40 000 habitants, est également une station touristique à la mode dans la province d'Ispahan. Elle se situe à 215,2 km d'Ispahan et à 244 km de la capitale Téhéran, dont elle se distingue par ses airs de luxe bourgeois, comme en témoignent les maisons de riches marchands du 18e et du 19e siècle.

Durant l'ère Kadjar, des familles d'artisans ont acquis un immense pouvoir social et politique grâce à la tapisserie, l'industrie la plus fructueuse de l'Iran. Pour montrer leur prestige, elles ont embauché des architectes pour leur bâtir des ensembles résidentiels d'exception : le plan des bâtiments obéit à une géométrie rigoureuse, avec une cour composée d'un jardin et d'une fontaine, un iwan rehaussé de stucs et de miroirs, des chambres équipées d'un air conditionné et une salle de réception où les monarques Kadjar sont représentés dans des lumineux portraits. Ces résidences de caractère revendiquent un confort princier.

Avec le concours de l'Organisation iranienne du patrimoine culturel, le gouvernement de Kachan a pris soin de restaurer de nombreux monuments. D'autres mesures en faveur de la fréquentation touristique incluent la simplification du visa, l'amélioration du transport et des services hôteliers, mais surtout la distinction par l'Unesco du jardin de Fin, qui a acquis en 2012 une reconnaissance internationale. Le but est simple : que les voyageurs s'y plaisent et y reviennent.

A voir et à visiter sur place…

Pour l'heure, le nombre d'arrivées touristiques est loin de rendre justice à l'attractivité de la ville. C'est presque un crime de passer à côté de tant de curiosités historiques, architecturales et culturelles !

Jardins royaux

Le jardin de Fin : offrez-vous une balade récréative dans cet ancien parc royal, où le chah et les dignitaires de la cour s'arrêtaient quand ils quittaient leurs charges officielles. Pourvue de bassins de marbre d'où l'eau jaillit en bonds répétés, la piscine centrale est bordée de cyprès, d'arbustes et de diverses variétés de fleurs. Ce foisonnement végétal en plein milieu du désert est un spectacle unique. Après avoir jeté un œil au plafond du hashti, dont la lumière accentue les décors géométriques, et progressé dans le pavillon central habillé de céramiques, vous conviendrez que le jardin de Fin mérite de plein droit sa place au patrimoine mondial de l'humanité. Les touristes n'ont aucune excuse, le site n'étant qu'à 10 minutes de route au sud-ouest de Kachan.

Patrimoine religieux

  • La mosquée Agha Bozorg : ne manquez pas la mosquée Agha Bozorg, incroyablement photogénique avec sa façade rose qui vire au jaune d'or et au roux en fin de soirée. Construit il y a plus de 300 ans, l'édifice obéit fidèlement au plan classique : deux grands iwans, surmontés d'une coupole en forme de ruche, une cour intérieure avec fontaine et vergers. Un but de balade apprécié pour se rafraîchir à l'ombre et se couper de la foule !

  • La mosquée Meydan : la plus vieille mosquée de Kachan prend place au côté sud de la place Sang-e Ghadimi, non loin du bazar. Abattu par les forces mongoles et rebâti plus tard par Khaje Emad ed-Din, le sanctuaire se détache par son portail d'entrée associant des éléments architecturaux typiques de la Perse. L'attraction réside surtout dans les mosaïques aux reflets miroitants qui recouvrent le mihrab.

Patrimoine résidentiel persan

La maison des Tabatabaei : réalisée en 1880, la maison des Tabatabaei estun manoir historique détenu par la famille éponyme, qui s'est rendue célèbre dans la fabrication de tapis . Le chantier fut confié aux mains d'Ustad Ali Maryam, un ingénieur architecte du 19e siècle. Dotée d'une quarantaine de chambres, la maison possède des stucs habilement sculptés encadrant les portes, les balcons et les murs de la salle de réception, avec des ouvertures aux vitraux décoratifs offrant un joyeux contraste de lumière. Le manoir des Tababatabaei est incontestablement l'une des plus belles manifestations de l'architecture bourgeoise persane.

  • La maison des Boroudjerdi : avec ses trois badguirs (capteurs de vent) et sa grande salle couronnée d'un plafond en verre, le manoir des Boroudjerdi reflète l'intérieur d'un foyer persan aisé du 19e siècle. En progressant dans le jardin, vous remarquerez que le manoir est aménagé en deux parties : le biruni, un quartier extérieur pour la gent masculine, où se tiennent les affaires publiques et les banquets, et l'andaruni, un quartier privé pour les femmes. L'édifice a été commandé par le marchand Haji Mehdi Boroudjerdi pour son épouse, qui n'est autre qu'une descendante des Tabatabaei. Les parents lui ont donné la main de la jeune fille à condition de bâtir une magnifique propriété en son nom. Fût-ce un mariage d'intérêt ou un mariage d'argent, le jeune soupirant accepta l'accord de bon gré. Mais l'épouse de Haji Mehdi Boroudjerdi patientera dix-huit ans avant de recevoir la donation immobilière.

  • La maison des Abassi : les mêmes bas-reliefs, les mêmes ornements en stuc, les mêmes plafonds aux motifs géométriques resplendissants se retrouvent dans la maison des Abassi. Toutefois, la visite offre un supplément : vous pourrez emprunter des passages secrets. Aujourd'hui, l'établissement est transformé en musée, en salon de thé et en restaurant pour touristes.

Patrimoine archéologique

  • Le site archéologique de Tépé Sialk : proche du village de Fin, la colline de Tepe Sialk est un lieu d'intérêt incontournable de Kachan. Si les estimations des archéologues sont justes, le peuplement humain sur le site daterait de 5000 à 6000 ans av. J.-C. Depuis la nuit des temps, la région est traversée par le Cheshmeh ye Soleiman, une source montagneuse qui garantit un approvisionnement en eau permanent. Les ruines comprennent des ustensiles en pierre, en os et en céramique. Le site aurait été témoin des premières productions de métallurgie et de poterie au monde.

Le bazar de Kachan

Il a été conçu dès la période Seldjoukide pour les échanges de marchandises et connut d'importantes rénovations au cours de l'ère safavide. Les touristes s'y promènent volontiers, parce que c'est l'une des places les plus vivantes et les plus animées de Kachan. L'architecture du bazar est une attraction en soi de par son dôme central qui offre un puits de lumière par ses fragments de verre et de miroir. Égarez-vous un instant dans son labyrinthe de mosquées, de galeries, de boutiques d'antiquité et de bains publics. Ne partez pas sans avoir acheté une pièce de tapis persan tissée à la main.

Aux environs de la ville…

Les fous de grands espaces trouveront certainement leur compte dans le désert de Maranjab. Dans le village d'Aran va Bigdol, à une soixantaine de kilomètres de Kachan, un paysage aride et hostile, façonné par le vent, le sable et des siècles d'érosion, se révèle aux voyageurs. Sillonner des monticules de dune, se balader en compagnie des chameaux, dormir une nuit dans un caravansérail, visiter un gigantesque lac salé, sans oublier l'aimable hospitalité des nomades… Le périple comblera plus d'un, notamment ceux qui aiment s'aventurer dans le désert sans s'éloigner des grands axes de circulation.

Comment y venir ?

Il n'existe pas de vol aller-retour en provenance des capitales européennes. Pour se rendre à Kachan, le plus simple est donc de réserver un vol pour Téhéran et, une fois arrivé à l'aéroport Imam Khomeini, de gagner le centre-ville en bus, en train ou en taxi. Des bus VIP pour touristes peuvent être pris à la station sud de Téhéran, au prix de 230 000 rials par tête. Si vous êtes un peu fauché, prenez un bus classique au prix de 150 000 rials. Vous rejoindrez votre destination au bout de 2 heures et demie de route.

Pour développer le tourisme, le gouvernement a ouvert l'aéroport de Kachan le 2 juin 2016. Des vols à destination de Chiraz et de Mashhad sont proposés depuis 2018. La compagnie nationale Iran Air prévoit de desservir d'autres villes dans les années à venir.

Meilleure saison pour partir à Kachan

Vous avez décidé de partir à Kachan pour votre prochain voyage ? Prenez en compte les conditions climatiques. Le diktat du désert règne dans la région centrale de l'Iran, avec ses records de chaleur et sa sécheresse exceptionnelle. En juillet et août, la température avoisine les 40o C. Pour visiter les résidences historiques de la ville et profiter des activités en plein air, mieux vaut privilégier le printemps. Les arbres sont en pleine floraison dans les parcs publics, et les journées sont relativement chaudes même s'il fait encore frisquet le soir. L'automne qui s'étend de septembre à octobre est pareillement une saison propice, avec un bon parapluie comme compagnon de route. Mais l'été et l'hiver renvoient à une saison morte pour le tourisme.

Vous aimeriez…

  • profiter d'une visite guidée du jardin de Fin, un chef-d'œuvre accompli de l'art paysagiste persan ;

  • faire le tour de la résidence de Tabatabaei ;

  • se délecter des tableaux de peinture du manoir des Boroudjerdi ;

  • vous poser en photo devant la façade de la mosquée Agha Bozorg ;

  • parcourir les magnifiques ruines de Tepe Sialk ;

  • vous enivrer de l'ambiance locale au bazar de Kachan ;

  • acheter des tapis, des bijoux ou des robes en brocart en guise de souvenirs ;

  • apprendre les étapes de fabrication de la céramique ;

  • faire le plein d'adrénaline au désert de Maranjab ;

  • tester les meilleurs restaurants de la ville.