Ajjer et Djanet - Nomadays

Algérie

Ajjer et Djanet

Les Tassilis algériens (mot tamahaq désignant les vastes plateaux dénudés, plus ou moins fracturés) sont composés de séries de grès d’origine marine, datant de l’ère primaire. Leur épaisseur atteint à certains endroits près de 600 mètres. Parfois le socle granitique apparaît, comme par exemple dans les environs de Djanet. Plusieurs tassilis différenciés par l’érosion ceinturent le massif volcanique récent du Hoggar, qui les a soulevé puis transpersé. Ce sont à l'Est et au Nord-est, le Tassili n'Ajjer (1906m), au Nord, l'Immidir (1684m), au Nord-ouest, l'Ahnet, au Sud-ouest, le Tassili de Tim Missao, au Sud-est et au Sud, celle de l'Ahaggar (1007m). Ajjer et Immidir sont les plus importants et les plus élevés."

“Le Plateau du Tassili se développe sur 750 km de long et une largeur qui varie de 60 à 100 km. Sa superficie est de 350 000 km2. Sur la carte, le pays Ajjer émerge des sables qui le cernent sur la majorité de son pourtour : à l'Est, les mers de sable libyennes, l'Erg de Mourzouk et celui d’Oubari, au Sud, l'immense désert du Ténéré et l'Erg d'Admer, au Nord, l'Erg Issaouane et l'Erg Bourharet." Guide Bleu du Sahara 2000 (Editions Hachette).

Cette région a inspiré de nombreux auteurs ; on imagine que Picasso ou Gaudi ont forcement déambuler parmi ces paysages figés dans la pierre. L’un d’eux nous livre ses impressions : "…sont disséminés de loin en loin de mystérieux ensembles de rochers que la nature a modelés dans les formes les plus capricieuses, et que l'érosion a rendus encore plus tourmentés. L'apparition de ces forêts de rochers n'est pas sans provoquer, même sur le voyageur le mieux prévenu, une forte impression où l'hallucination se mêle à l'émerveillement, le tragique au féerique. De ces rochers qui se dressent, se hérissent, s'étalent, se gonflent, se bousculent dans les alignements chaotiques, surgissent mille visions fantasmagoriques : cathédrales, châteaux légendaires, palais baroques, villes mortes, sanctuaires titanesques, navires échoués, monstres antédiluviens protégés par une épaisse carapace rugueuse, enfin toute une profusion d'images suggérées, un amas de formes brutes dans un espace sans limite, visité seulement par le vent." Jean-Dominique Lajoux.

Les peintures rupestres

"C'est en 1909 qu'un officier, le capitaine Cortier, détecta leur présence et signala la première découverte d'art préhistorique sur le Tassili n'Ajjer. Puis ce furent les découvertes de Lanney, de Conrad Kilian et de Bernard ; mais il fallut attendre les années 1930 pour entrevoir l'importance de ce centre saharien d'art préhistorique, grâce aux découvertes d'un autre militaire, le capitaine Brenans." (J.D. Lajoux).

Depuis la Mission de Henri Lhote et de son équipe, en 1956, laquelle était chargée d'effectuer le relevé de l'ensemble rupestre, l'art du Tassili a acquis une renommée mondiale méritée. Ces peintures, dont les plus anciennes sont à peu près contemporaines des débuts de la domestication, s’étagent sur plus de 7000 ans, les plus récentes étant sub-actuelles. « La variété des sujets et surtout des styles manifeste des groupes artistiques divers, localisés géographiquement, et accompagnés de certaines faunes, avec des types spéciaux de personnages, utilisant certaines armes, etc.

Ces groupes artistiques – ou “écoles” – reflètent à leur tour, d’une façon sans doute complexe, non univoque, des groupes ethniques concrets limités spatialement, situés chronologiquement, et possédant, outre des traditions artistiques spéciales, des fonds symboliques différents. La classification et la chronologie de ces écoles s’établissent d’après divers critères formels (techniques d’exécution, styles, superpositions, patines) et aussi d ‘après les thèmes figurés (types physiques des personnages, faunes, armes). » Alfred Muzzolini in Art rupestre du Sahara (1995).

Ces peintures et gravures rupestres témoignent de la présence de populations et d’animaux nombreux, et donc de périodes passées plus humides.

Gravures et peintures rupestres

Nous vous recommandons de découvrir sur Internet l’excellent dossier réalisé par Denis Lionnet, sur le site de FuturaSciences : http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/dossier232-1.php .Denis Lionnet est par ailleurs le concepteur du site www.ennedi.free.fr, la référence en français sur le sujet.

Djanet (1050 m).

Petite oasis il y a encore quelques années, Djanet s’est beaucoup développée. Quatre villages la formaient autrefois : Adjahil, rive droite, et El Mihan, Tin Khatma et Azelouaz, au pied de la montagne Tim Beur, rive gauche. Les maisons escaladent de plus en plus les bords rocheux et escarpés de l’oued, relient désormais les vieux quartiers entre eux et envahissent les vallées adjacentes. La palmeraie et les jardins restent toujours à la merci des crues de l’oued parfois très violentes.

Depuis 1999, la route goudronnée a désenclavé Djanet.

Le guide et les chameliers

Ce sont des Touaregs Ajjer appartenant en général à la tribu des Kel Medak. La plupart habitent maintenant Djanet, dans un nouveau quartier situé au nord de l’oasis, In Abarbar. Seuls, quelques campements Kel Medak sont encore vraiment nomades. Les Touaregs parlent une langue berbère appelée, suivant les régions, tamahaq ou tamacheq . En général, ils connaissent aussi l’arabe qui est la langue officielle en Algérie. Rares sont ceux qui parlent quelques mots de français. Tous les Touaregs sont musulmans.

La flore

Les mots écrits en italique sont en tamacheq. Nous précisons lorsqu'il s'agit de mots arabes (ar.).

Le Sahara Central possède une flore loin d'être négligeable. Il suffit de regarder autour de soi durant nos voyages pour en être convaincu. Arbres et arbustes, souvent épineux, peuvent résister à la sécheresse durant plusieurs années.

Des plantes annuelles ou pérennes nombreuses poussent pratiquement partout dans le fond des oueds, sur les plateaux où demeure un peu de terre, entre les dunes des ergs et sur leurs pentes dès que des pluies de quelque importance et mieux, répétées, s'abattent sur le pays. Le pâturage le plus recherché par les Sahariens, akasa ou acheb (ar.), est composé de plantes variées poussant rapidement après les pluies.

Les arbres rencontrés le plus souvent sont des acacias de différentes espèces : l'Acacia raddiana ou abser et talha (ar.), l'Acacia erhenbergiana ou tamat et l'Acacia albida ou ahates.

Dans les oueds de montagne, on rencontre aussi deux tamaris (tabarakat et azawa), un épineux, la taboraq ou en arabe atil (Maerua crassifolia), la telokat qui est un ficus, la tabakat, qui est un jujubier (Ziziphus lotus).

Plantes et buissons sont particulièrement adaptés au déficit d'humidité. Ils assurent la survie des animaux domestiques et sauvages durant les longues périodes de sécheresse. On peut citer, en substrat sableux, l'arassou (Caligonum comosum), la touloult (Aristida pungens, drinn ou sbot suivant les régions en arabe), la célèbre tahara ou had (ar.) des nomades arabes (Cornulaca monocantha), l'aginast (Moltkiopsis ciliata) aux petites fleurs blanches et roses.

Sur les plateaux, dans les oueds et en montagne, poussent : la bandar (Anabasis articulata) qui brûle même humide, l'aramas (Atriplex halimus) et l'issin (Salsola foetida) qui apportent du sel aux animaux, tout comme d'ailleurs le tamaris, l'afazou (Panicum turgidum ou mrokba, ar.), l'ana ou anag (Leptadenia pyrotechnica).

Les plantes éphémères qui apparaissent avec les pluies sont, pour les plus habituelles : la tanetfert (Pulicaria crispa) laquelle donne un goût amer à la viande et au lait des animaux qui la broutent, la tahana (Heliotropium ondulatum), l'alouat (Schouwia purpurea), la taïnast (Echium humile), l'alka (Trichodesma agricanum) à l'aspect de bourrache, l'egzei-fuk (Lupinus tassilicus) aux magnifiques fleurs bleues, etc…

Isolées de leur région d’origine de nombreuses plantes sont devenues endémiques. L’olivier sauvage ou le cyprès de Duprez ou la lavande d’Antinéa en sont d’étonnants représentants.

La faune

Les mots écrits en italique sont en tamacheq. Nous précisons lorsqu'il s'agit de mots arabes (ar.).

Très chassés, les grands animaux tendent à disparaître. C'est le cas de la gazelle et du mouflon, ce dernier résistant mieux car il peut se cacher dans la montagne. Les carnassiers sont toujours présents : chacal (ebegi),renard famélique, fennec, chat sauvage (Felix sylvestris).

Quant aux rongeurs, ils restent nombreux. On peut noter les gerboises et les gerbilles, les mériones, les goundis, diverses espèces de rats et de souris. La famille des procanidés est représentée par de petites colonies de damans de rocher qui, comme leur nom l'indique, vivent dans les rochers, non loin des oueds où ils peuvent trouver leur nourriture, en particulier, les feuilles de l'acacia.

La famille des lagomorphes est, elle, représentée par le lièvre du Cap.

Les lézards sont nombreux. On peut noter plusieurs variétés d'agames appelés el rechaba, des geckos, ou amatartar et tamekwart, le fouette-queue ou Uromastix qui est l'agezeram des Touareg ou le dob des Arabes, le varan du désert, arata, qui est le plus grand des lézards du Sahara. Les lézards les plus fréquents sont de plus petite taille et appartiennent pour la plupart à la famille des Acanthodactyles.

Les serpents sont surtout représentés par deux espèces dangereuses :

  • La vipère des sables (Cerastes vipera) qui, comme son nom l'indique, vit dans les régions sablonneuses, en particulier dans les ergs.
  • La vipère à cornes (Cerastes cerastes) qui préfère les oueds caillouteux.

Ces deux espèces chassent la nuit et entrent en hibernation durant la période froide. Les couleuvres se rencontrent assez souvent. L'espèce la plus fréquente est le Serpent des Sables (Psammophis shokari). En tamacheq, la vipère se nomme tachelt (ar. lefaâ), et la couleuvre achel.

Les scorpions apparaissent eux aussi avec les chaleurs.

Les oiseaux qui se remarquent fréquemment sont les corbeaux toujours à l'affût des restes de nourriture laissés aux bivouacs, le traquet à tête blanche, ce fameuxmoula-moula des Touareg. Il y a aussi la buse féroce, lefaucon (tamida), le hibou ( bouhan). La nuit, on peut entendre la chouette (tawik).

Le Parc National du Tassili

Tous les voyages que nous programmons dans l’Ajjer sont situés dans le Parc dont nous sommes tenus de respecter le règlement. Tout visiteur doit remplir un formulaire et Détours Algérie acquitte une taxe d’entrée (comprise dans le forfait du voyage) qui est utilisée pour l’entretien des sites.

Géologie

"… le Tassili barre le Sahara Ajjer d'un grand cordon noir, d'une largeur moyenne de 120 Km. Il s'étend du nord-ouest au sud-est faisant suite à l'Immidir (Mouydir), dont il n'est séparé que par le goulet de l'Irarar.

Ce plateau montagneux est formé de grès horizontaux datant du Dévonien inférieur ou de la fin du Silurien. Ces grès sont déposés sur des terrains cristallins qu'ils recouvrent en discordance, énergiquement plissés et dont il est assez difficile de fixer l'âge d'une manière rigoureuse." Gabriel Gardel (Les Touareg Ajjer, ERS, Université d'Alger, 1961).

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