Musée du patrimoine de Yaowarat Chinatown - Nomadays

Thaïlande

Musée du patrimoine de Yaowarat Chinatown

De passage à Bangkok, la capitale thaïlandaise, les amateurs d’histoire et de culture sont encouragés à visiter le Musée du patrimoine de Yaowarat Chinatown. Rideau sur les points d’intérêts de l’attraction.

Bangkok est une terre d’immigration fascinante où se côtoient des populations de toute race, couleur et nationalité. Pour plonger dans l’histoire de la communauté thaïe-chinoise, un détour dans le Musée du patrimoine de Yaowarat Chinatown est indispensable. Le bâtiment occupe le premier étage du Wat Traimit, au sein du quartier de Talat Noi, district de Samphanthawong. Le musée met en lumière l’expérience vécue par les premiers migrants chinois au royaume du Siam : les dangers du voyage sur la mer de Chine, les moyens de survie une fois arrivés, la fondation de la ville de Chinatown, le chemin vers la prospérité…  Des expositions multimédia restituent fidèlement le passé des Thaïs-Chinois, racontant comment cette minorité ethnique s’est peu à peu imposée et a contribué à bâtir la joyeuse métropole cosmopolite qu’est devenue le Bangkok d’aujourd’hui. À recommander sans réserve lors d’un séjour à la Cité des Anges.

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Histoire du musée

Dédicace aux Chinois

Petit mais puissamment captivant, le Yaowarat Chinatown Heritage Museum est l’un des rares musées à vocation ethnographique en Thaïlande. Les habitants l’appellent parfois « musée du Wat Traimit » ou « musée du temple du Bouddha doré », du nom du monastère bouddhiste dans l’enceinte duquel il se trouve.

L’origine ethnique est une question sensible pour les Thaïlandais. La politique du gouvernement en est la cause, ou plus exactement cette volonté de transmettre une image avantageuse de la société thaïe. Au contraire de la Birmanie ou de l’Inde voisine, la Thaïlande se vante d’avoir un peuple uni, vivant dans l’amitié et l’harmonie. Pour sauvegarder cette image, les différences culturelles et ethniques sont passées expressément sous silence. Le musée du patrimoine de Yaowarat Chinatown est l’exception qui confirme cette règle. Il rappelle combien l’intégration des Chinois à Bangkok a été difficile en raison des troubles politiques qui ont secoué la jeune capitale.

La construction de Sampheng : xénophobie ou règlement de compte politique ?

Le quartier chinois de Sampheng ou Yaowarat a vu le jour en 1782. Ainsi l’a voulu le roi Rama Ier, qui commanda la déportation des familles chinoises descendant de la tribu Teochew vers l’aval du fleuve Chao Phraya. Quand, vers 1770, le roi Taksin fonda la capitale de Thonburi, il demanda l’aide de l’ethnie Teochew, avec qui il avait lui-même des liens de parenté, pour ravitailler la cour royale en riz et en vivres. En retour, les Teochew obtinrent, entre autres privilèges, le droit de s’installer sur la rive est du fleuve Chao Phraya, juste en face du palais royal.

La chance tourna contre les marchands Teochew lorsque leur puissant protecteur Taksin a été chassé du trône à l’issue d’un coup d’État. Rama Ier régna à sa place. Ce dernier s’appropria les terres des Teochew, sur lesquelles il envisageait de bâtir un palais encore plus beau et plus majestueux que celui de son rival. De toute façon, la tribu Teochew ne se trouvait pas dans les papiers du nouveau souverain. Non seulement elle avait prêté main-forte à son rival, mais elle était en concurrence avec la tribu chinoise des Hokkien, avec laquelle Rama Ier entretenait des relations étroites. L’ordre tomba et fut aussitôt exécuté. Les pauvres migrants ont été déplacés dans une zone isolée, enclavée et insalubre au sud-est du fleuve Chao Phraya. Ainsi naquit la communauté chinoise de Sampheng.

Le refuge des migrants est devenu un quartier moderne et prospère

Bien qu’elle ait été au début un camp de migrants méprisés et humiliés, Chinatown développa activement son commerce portuaire à partir des années 1850. Les opérations d’exportation et d’importation vers l’Empire du Milieu étaient florissantes ; magasins, auberges et restaurants chinois affluaient sur les quais. Au cours du xxe siècle, le quartier a perdu petit à petit son importance commerciale ; les riches résidents ont levé le camp pour s’installer dans les nouvelles banlieues à la mode. L’ethnie Teochew était alors totalement intégrée à la société thaïlandaise, et les traces de séparatisme ont disparu. Toujours est-il que le quartier de Sampheng se rappelle avec plaisir ses origines chinoises. En témoignent l’artisanat, l’architecture et les spécialités gastronomiques.

L’exposition captivante du musée

L’histoire de l’immigration chinoise dans le quartier de Sampheng, voilà ce que révèle le musée du patrimoine de Yaowarat Chinatown à travers sa riche collection. Un voyage dans le temps, démarrant à la seconde moitié du xviiie siècle, quand les Chinois ont été invités dans l’antique capitale de Thonburi, et s’achevant au xxe siècle, avec la métamorphose de Sampheng en quartier chic et glamour.

Dans un salon de style chinois, un grand-père raconta à son petit-fils à quoi ressemblait la vie à Chinatown dans les années 1940. Le ton intime et passionné du vieillard suscite l’émotion. C’est l’exposition qui vous attend au premier arrêt. Se succèdent ensuite des projections vidéo qui mettent en scène l’arrivée des premiers Chinois au Royaume du Siam, la navigation périlleuse à bord d’une jonque, le train de vie des migrants dans le vieux Bangkok, les problèmes auxquels ces derniers ont dû faire face, l’essor du commerce à Chinatown au cours du xxe siècle et la pleine contribution des Chinois au développement économique du pays.

Les expositions du musée se divisent en six sections : Un clin d’œil au passé (l’entretien touchant entre le grand-père et le petit-fils) ; Le début de l’histoire 1782 – 1851 (la construction du Grand Palais, le déplacement des Chinois à Sampheng, les Chinois marqués au poignet et réduits au travail forcé, l’immigration massive des Teochew et des Hokkien à Sampheng par suite de la famine, la popularité de la jonque chinoise) ; La vie dans les temps anciens (bric-à-brac d’une jonque chinoise) ; Dans l’œil de la tempête (une journée en mer des migrants chinois qui ont quitté leurs lopins de terre au sud de la Chine dans l’espoir de trouver une vie meilleure à Bangkok ; ils ont affronté des vagues et des tempêtes) ; L’histoire de 1851 à nos jours (les évènements marquants durant le règne des rois Rama IV à Rama IX) ; Nostalgia (collection de vieilles photographies relatives à Chinatown).

Informations pratiques

Horaires et prix d’entrée

Le musée du Wat Traimit est ouvert tous les jours en dehors du lundi. Les horaires d’accueil des visiteurs sont de 9 h à 17 h. Des frais d’entrée de 40 bahts ou 1,12 euro sont réclamés aux étrangers. Entrée libre pour les résidents.

Quand y aller ?

Les experts de voyage déconseillent la saison des moussons qui s’étale de juin à octobre. Pour visiter le musée par beau temps, songez à prendre des dates entre le premier et le dernier bimestre de l’année. Évitez les fins de semaine, car il y aura foule au musée.

Comment s’y rendre ?

Le musée est situé au premier étage du bâtiment qui abrite le sanctuaire Wat Traimit. La meilleure façon de s’y rendre est de prendre le métro pour Hua Lam Phong et de marcher jusqu’au sanctuaire une fois qu’on descend à la station.

À voir dans les environs

À la sortie du musée, n’oubliez pas d’explorer les autres attractions de la ville :

  • le temple du Bouddha d'or ;
  • le temple de la relique de la dent du Bouddha et son petit musée ;
  • le temple Sri Mariamman ;
  • l’institut médical Thong Chai.
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