Les mystères préhistoriques du Mustang - Nomadays

Népal

Les mystères préhistoriques du Mustang

11 févr. 2020

« Nous sommes politiquement népalais mais naturellement tibétains. » L'adage de Jigme Singi Palbar Bista, dernier roi du royaume du Mustang, déchu de son caractère monarchique en 2008 et rattaché administrativement au Népal, décrit un peuple foncièrement fixé aux traditions et cultures tibétaines. La frontière entre le Népal septentrionale et le Tibet du sud est majoritairement linéaire, mais s'enfonce dans les terres de cette région chinoise depuis que le Mustang appartient au Népal.

Le territoire du royaume du Mustang, autrefois appelé royaume de Lo, est isolé du reste du pays car présent au-delà de la face nord de pics himalayens vertigineux comme celle de l'Annapurna ou du Dhaulagiri. Quatre autres montagnes de la chaîne asiatique, culminant à plus de 4000 mètres d'altitude, terminent d'esseuler la zone par le nord. C'est très sûrement cet isolement qui a permis au royaume, aujourd'hui seulement peuplé de 10 000 habitants, de rester autonome durant 6 siècles, depuis sa fondation en 1380 jusqu'à son intégration au Népal en 1951.

La rivière Gandaki qui traverse et sectionne cette région du nord au sud prend sa source dans l'Himalaya, dans les hauteurs du glacier Nhubine Himal, au cœur de cet ancien royaume. Elle s'écoule dans le reste du pays vers le Terai pour terminer dans le Gange en Inde. Les terres les plus basses du Mustang, qui culmine en moyenne à 2500 mètres d'altitude, se trouve sur les rives de ce cours d'eau séparé à l'ouest et à l'est par les massifs montagneux.

   

Un royaume hors du temps

Le tourisme, encore assez balbutiant dans la région, est devenu autorisé à partir de 1992. Avant, aucun touriste ne pouvait être habilité à monter dans le royaume de Mustang. Les campagnes de la région sont totalement dépourvues de routes, les voyages entre les villages peuvent donc se faire à cheval ou à pied. La modernité ne s'est pas encore emparé des lieux, preuve de cela, le Dalai-Lama considère que le Mustang est l'un des derniers territoires himalayens qui a gardé inchangé sa culture tibétaine.

   

Le seul accès facilité à la région peut se faire via la route départementale, seul axe de la zone, qui rejoint la petite ville de Jomoson, le chef-lieu du district de Mustang. Il y existe également un aéroport minime. Puis plus rien, les routes pavées ne sont généralement foulées que par les souliers et les sabots. Il faut par exemple compter 5 jours de marche, ou 3 jours de cheval pour seulement parcourir une quarantaine de kilomètres escarpés et valonnés et enfin atteindre la capitale de l'ex-royaume du Mustang, Lo Mantang, à la frontière nord avec la Chine tibétaine. La cité compte quelque 600 habitants, une centaine de maisons et un palais royal. Quelques villages encore habités bordent la route entre les deux plus grandes villes de la région, mais c'est tout. Fascinant. L'accès, beaucoup plus fastidieux administrativement parlant, est également possible par le Tibet au nord en redescendant, à pied, vers la capitale ou vers les gorges de la rivière Gandaki. Cependant, les pics himalayens condamnent strictement les accès à l'est et à l'ouest.

    

Sur ces chemins abrupts vous pourrez découvrir des villages impossibles à dater aujourd'hui mais pourvus d'habitations troglodytes, insérées dans la roche, rudimentaires, et typiques de la préhistoire. Le tibétologue Michel Peissel en a découvert 29 en 1964, et un éboulement survenu en 1994 a permis d'analyser quelques ossements et poteries qui dateraient d'il y a plus de 3000 ans. La région du Mustang en elle-même fait partie des sites archéologiques les plus mystérieux et secrets d'Asie.

Un climat aride

La conservation de ces artefacts historiques peut certainement être due à l'isolement de cette région par rapport aux basses terres népalaises mais aussi au climat particulièrement aride qui y sévit. Totalement protégé des moussons indiennes car surélevé et imbriqué entre les pics de l'Annapurna, du Dhaulgari et des terres tibétaines, le Mustang ne connaît qu'entre 250 et 400 millimètres de précipitations par an. Le manque alors de forêts et de végétation émanant de cette sécheresse favorise des vents très violents qui peuvent être problématiques pour les marcheurs et cavaliers qui s'engagent sur les territoires désertiques entre les massifs montagneux. L'absence de précipitations suppose donc qu'il n'y a que très peu de chutes de neige dans les villes et villages malgré leur hauteur. Mais le froid y est bien présent, les températures variant, toute l'année, dans la capitale de -8 à 6 degrés.

   

Les festivités de mai

Le Mustang tend à se réchauffer durant le mois de mai et l'organisation du festival annuel de Tenji au cœur de la capitale Lo Mantang. La majorité des habitants de la région convergent vers cette cité apportant une chaleur humaine et une ambiance de célébration pendant trois jours. Cette fête religieuse commémore la victoire d'une réincarnation du Bouddha : Dorje Sonam, face au démon Matamruta. Les populations migrent apportant des vivres : du bois, de la nourriture et un peu d'argent pour les moines sur place. Une activité à voir si vous souhaitez vous attaquer à cette région si mystérieuse.