Zoto et son tour de Mada à pied : marcher jusqu’au bout de la terre avec et pour sa famille - Nomadays

Madagascar

Zoto et son tour de Mada à pied : marcher jusqu’au bout de la terre avec et pour sa famille

19 mai 2020

Ces derniers temps, Zoto, de son vrai nom Maurice Randrianarison, est devenu la star des réseaux sociaux à Madagascar. Tout le monde est captivé par l’aventure qu’il vit avec sa famille : faire le tour de Madagascar à pied. Mais pourquoi maintenant, alors que le pays (et même le monde entier) est encore sur le qui-vive à cause de la pandémie du Covid19 ? Et pourquoi avec toute la famille ?

 

L’origine de l’aventure Zoto

Zoto est originaire de Vangaindrano, une commune urbaine située à 75 kms au sud de Farafangana, à 20 km de la côte Est de Madagascar. En cherchant constamment de quoi survivre et subvenir aux besoins de sa famille, il a fini par résider à Antsiranana, à plus de 1 865 km (par la RN6) de son tanindrazana (village des ancêtres).

 

On ne connaît pas trop l’histoire, mais ses 3 fils d’environ 6, 8 et 10 ans sont restés habiter chez son père à Vangaindrano. L’allez-retour pour venir voir ses enfants devient un véritable parcours du combattant, mais peut aussi devenir une épopée.

 

Il faut savoir que si on prend le taxi-brousse (moyen de transport en commun), il faudrait dépenser pas moins de 400 000 ariary (une coquète somme pour les Malgaches moyens) par personne pour se rendre à Vangaindrano depuis Antsiranana. Il est assez logique que ce père de famille dévoué ait pensé à faire le trajet en bicyclette.

 

On ne sait pas vraiment combien de temps cela lui a pris, mais il l’a fait, et même en aller-retour. Après le décès de son père, ces enfants n’ont plus eu de tuteur, l’obligeant à aller les chercher. Impossible de faire monter tout le monde sur sa bicyclette ! Il décide alors, à l’âge de 68 ans, de transformer cet événement en une aventure familiale : faire le tour de Mada à pied.

 

© Andrianianja Rakotomahevitra 

 

L’itinéraire de Zoto et sa famille

Zoto est sa femme sont donc partie d’Antsiranana dès qu’ils ont su à propos de son père. Ils ont fait le trajet à bicyclette, sillonnant la côte Est, du Nord au Sud, prenant le chemin le plus court. Au retour, ils ont pris le chemin le plus long avec leurs 3 enfants : de Vangaindrano à Fort-Dauphin (côte sud-est), en passant par Toliara (sud-ouest), Ihorombe (centre-sud), Ihosy (vers le centre), Fianarantsoa, Ambositra, Antsirabe et Antananarivo, continuant vers l’Est avant de remonter vers le Nord.

 

Au bout de plus de 4 mois de périple, ils sont passés à Antananarivo. C’est autour de ce moment que leur histoire a fait le tour des réseaux sociaux et des médias malgaches. Beaucoup de gens se sont montrés empathiques et les ont aidés tout au long de leur parcours, les hébergeant et leur offrant de la nourriture et des vêtements.

 

Depuis, leur aventure a été médiatisée (dont une émission sur TVM, la chaîne nationale le 16 mai) et reportée étape par étape sur Facebook. On connaît maintenant Zoto qui marche en poussant sa bicyclette sur le côté, chargé de leurs bagages, accompagné par sa femme et ses fils. Nombreux sont ceux qui expriment leur admiration et qui les aident au nom du sport et juste au nom de la gentillesse, de l’hospitalité et de l’entre-aide, trois comportements formant le fihavanana malagasy.

 

En ces temps durs, l’aventure de la famille Randrianarison nous ramène à la réalité : pandémie ou pas pandémie, la vie continue et il y a des choses importantes auxquelles on ne peut échapper. On doit toujours continuer de prendre soin de sa famille. Le Covid-19 n’arrêtera pas les gens de s’aimer, de s’entraider… Il y a beaucoup d’autres maladies et soucis qui peuvent tuer plus de gens que le coronavirus. C’est juste un petit bouton parmi tant d’autres !

 

Cependant, tout cet enthousiasme est coupé court puisque les autorités tananariviennes ont retenu la famille pour un test de dépistage du Covid-19. Ils attendront à l’hôpital et une autorisation pour pouvoir poursuivre leur route. En effet, ils ne respectent pas les règles de confinement.

  © Andrianianja Rakotomahevitra

 

Zoto : une marque de fabrique

Pour ceux qui ne le savent pas, ce Zoto-là n’est pas le véritable Zoto. Le Zoto originel s’appelait Louis Michel Ramarosata, un Tananarivien ayant accompli le tour de Madagascar à pied… trois fois ! Il est décédé le 20 septembre 2012 à l’âge de 69 ans et a laissé derrière lui un livre, relatant ses mémoires : Trois tours de Madagascar à pied (2006, Édition Tsipika).

 

Il avait même présenté son livre à travers Madagascar dans un but éducatif. En effet, il n’a pas fait ses tours de Mada à pied par nécessité, mais comme un défi physique, mental et spirituel. Il a pris le surnom Zoto, signifiant zèle, diligence ou application, mettant en avant le courage, la ténacité, la persévérance et l’endurance dans ses accomplissements.

 

Zoto est sa marque de fabrique. Il a même eu droit à un documentaire sur la télévision MBS en 2007 ou 2008. La fin de sa vie a été assez triste, puisqu’il est mort après plusieurs mois d’affaiblissement à la suite d’un grave accident de la circulation. Il avait fait un appel aux dons pour faire face à sa situation, mais il avait fini par succomber.

 

Aujourd’hui, son héritage subsiste à travers tous ceux qui font le tour de Mada à pied et en solo. En même temps que la famille Zoto de Randrianarison Maurice, il y a un autre Zoto qui est en train de parcourir la Grande Île à pied. Il s’agit de Jean Joseph Randriamaro. Ceux qui suivent la famille Zoto sur les réseaux sociaux ont publié une photo de celui-ci, mais aucune autre information à part que c’est une 3e édition. On le voit assis à une table, présentant son tour de Mada à pied. Et s’il y avait encore plus de Zoto ? Combien ?

 

 

© Détours Madagascar - 19 Mai 2020