Yasmine Fidimalala, une artiste à la couleur de ses toiles - Nomadays

Madagascar

Yasmine Fidimalala, une artiste à la couleur de ses toiles

16 sept. 2019

Pour remplir une toile, il en faut beaucoup à cette peintre et plasticienne malgache de 42ans.

Beaucoup de couleur enivrantes, beaucoup de conviction pour les valeurs culturelles malgaches qui sont de plus en plus ignorées ; beaucoup de force pour lutter et dénoncer à travers l’art les choses qui ne vont pas dans la société, les tabous dans la culture traditionnelle ; beaucoup de respect et d’admiration pour la femme, les œuvres d’art de Yasmine ont tellement à dire qu’il est difficile de s’arrêter devant et de ne pas vouloir essayer d’en trouver le sens caché.

  

Symbolisé par une tête de zébute, la signature de l’artiste parle d’elle-même : si elle a une cause à défendre, c’est celle pour le genre féminin, d’où le choix de faire de la Volavita, une variété de zébu femelle, son cachet d’artiste.

Elle aime interpréter à travers ses œuvres les pouvoirs de la femme ainsi que ses supplices. A part la zébute Volavita, les seaux d’eau qu’on retrouve sur ses toiles incarnent également la femme dans son pouvoir d’enfanter, le seau prenant la forme d’une femme enceinte, pouvant transporter de l’eau à l’image de la femme qui porte un bébé dans le ventre ; ou encore de parler pour la jeune fille paysanne qui, limitée par les tabous traditionnels de parler de sexe entre parents et enfants, se retrouve désorientée, livrée à elle-même et va alors gouter au fruit interdit trop jeune pour se rendre compte plus tard qu’elle est entrée dans un tunnel sombre qui n’en finira plus.

    

D’une toile à une autre, on peut aussi apercevoir beaucoup de symbole culturel tel qu’un aloalo (un totem), un tombeau ancestral, une roue de charrette qui voudrait rappeler que la roue tourne, que par moment on est au sommet de la réussite et par d’autres on touche le fond ; ou encore un « tamboho gasy » ou mur traditionnel à travers lequel l’artiste voudrait exprimer que tout comme ce mur, bien qu’il ait l’air simple et cassé, représente la résistance, la longévité. Selon Yasmine, la culture malgache devrait au contraire de sa situation actuelle, résister et tenir debout immortellement comme ce mur.

   

Une femme engagée, Yasmine offre des cours de renforcement sur l’art plastique à l'ONG Ketsa à Vontovorona, un centre qui aide aux renforcements scolaires des enfants des familles aux bas ressources des alentours de Vontovorona et environ et met à leur disposition plusieurs matières dont l'informatique et les animations artistiques qui propose aussi le cirque avec la troupe des Aléas des possible, la danse et le théâtre.

Les animations artistiques ont lieu tous les lundis pendant l'année scolaire avec le même concept pour tous les animateurs artistiques : l'épanouissement de l'enfant, l'estime de soi, et le développement des potentiels créatifs de l'enfant.

   

A part les évènements ponctuels où on retrouve les talents de Yasmine Fidimalala exposés sur les murs d’un hôtel, d’une galerie d’art, d’un espace ouvert, un détour artistique chez elle dans son atelier, baptisé « zaridaina miafina » ou jardin secret niché au cœur du quartier d’Ambohimirary dans la ville d’Antananarivo peut se faire à la demande de nos voyageurs curieux, passionnés, artistes ou tout simplement ceux qui ont envie de joindre l’art à leur voyage.

Olive Ramarozatovo