La fabrication de tapis mohair : un savoir-faire malgache unique, à valoriser - Nomadays

Madagascar

La fabrication de tapis mohair : un savoir-faire malgache unique, à valoriser

16 oct. 2018

Le tapis mohair, fabriqué à partir de laine mohair 100 % noué-main, est typiquement malgache. Il ne connaît pas le succès qu’il mérite, mais pourquoi ? Que faire ? Qui fait quoi ?

Le Tapis Malgache : une tradition à préserver

On ne connaît pas exactement l’origine du tapis mohair, mais ce que l’on sait, c’est que l’on en fabrique qu’à Madagascar. La fabrication de ce tapis est un savoir-faire qui se transmet de mères en filles dans la petite commune d’Ampanihy, à l’extrême sud de la Grande Île. Le commerce de ce tapis a connu une période faste dans les années 1950 et 1960 grâce à l’entreprise « La Maison Mohair ». Les raisons du déclin de ce marché durant les années 1970 et 1980 ne sont pas claires, mais dans tous les cas, aujourd’hui, le tapis mohair malgache est associé à un nom, celui d’Éric Mallet.

Ce Français originaire de Versailles a été marqué par ce tapis typiquement malgache au cours d’un séjour à Madagascar lorsqu’il était enfant. Lorsqu’il a été contraint de débarquer à Sainte-Marie en 1993, il n’hésite pas à parcourir près de 2 000 km de routes difficiles pour se rendre à Ampanihy. Malgré le fait que l’extrême sud malgache soit réputé pour ses longues périodes de rudes sécheresses et sa précarité, Éric Mallet décide de tout lâcher pour relancer l’activité de fabrication de tapis mohair. Pour cela, il ressuscite la fibre tisserande des femmes villageoises et les forme. Il crée ainsi l’entreprise Le Tapis Malgache et fait de son mieux depuis environ 15 ans pour préserver une tradition unique, satisfaire la demande d’emplois des jeunes femmes locales, et valoriser le tapis mohair malgache.

   

Un tapis haut de gamme et une œuvre d’art

Il s’agit d’un produit rare et haut de gamme. Les tapis sont tissés à la main avec une laine soyeuse et résistante. En temps normal, le mohair (laine de chèvre angora) est utilisé dans l’habillement et l’équipement de ski. On ne le tisse pour le tapis qu’à Madagascar. Il faut 1 mois pour faire 1 m² de tapis mohair, l’équivalent de 70 000 nœuds. La tenue est irréprochable et la hauteur de brin de 13 mm offre une douceur et un confort exceptionnel. Il a fallu plusieurs années de travail et d’investigation pour trouver une qualité maximale en matière de fils et de couleurs. Le fil est unique, car le calibre permet de nouer 70 000 nœuds par mètre carré, tandis que les teintures sont entièrement végétales, extraites de plantes endémiques collectées en brousse.

La laine mohair était à l’origine malgache, mais aujourd’hui, l’élevage de chèvres angora dans la région a presque disparu. Le Tapis Malgache est pour le moment obligé d’importer du mohair d’Afrique du Sud. Concernant les dimensions, les tapis vont de 0,5 m² (0,5 m x 1 m) à 9 m² (2,5 m x 3,5 m), pour un poids de 1,7 kg à 31,5 kg. Pour ce qui est des motifs, ils expriment la culture du sud malgache, notamment antandroy et mahafaly (ethnies de la région). Cependant, ils peuvent être personnalisés. Chaque pièce est unique et constitue une véritable « œuvre d’art de la brousse » ! Ces tapis ont d’ailleurs fait l’objet d’une exposition à lIs’Art Galerie en 2015.

 

 

L’avenir du tapis mohair malgache

Le Tapis Malgache fait tout pour valoriser ce produit sur le marché de l’habitat et de la décoration haut de gamme. Même si l’activité a été fortement touchée par la crise politique et économique de 2009, cette entreprise sociale a réussi à survivre et continue d’offrir des emplois stables et durables à la population d’Ampanihy. L’État malgache est conscient de l’importance de cette activité, récompensant même Éric Mallet de l’ordre national de chevalier d’honneur en juillet 2006. Cependant, il reste beaucoup à faire ! Des formations de tisserandes sont dispensées aux villageoises et l’association créée par Éric « Tapis » (son surnom local) a également mis en place un atelier de lapidairerie et de création de bijoux pour améliorer l’économie locale.