Albert Rakoto Ratsimamanga : un nom digne de confiance aujourd’hui associé au Covid organics - Nomadays

Madagascar

Albert Rakoto Ratsimamanga : un nom digne de confiance aujourd’hui associé au Covid organics

24 avr. 2020

Le nom de Ratsimamanga revient au-devant de la scène depuis le 19 avril 2020, alors que le présent de la République malgache a annoncé la découverte et la distribution d’un remède contre le Covid19. Il s’agit d’une solution buvable, une tisane développée par l’IMRA, institut de recherches fondé par Albert Rakoto Ratsimamanga et sa femme. Pour les Malgaches, ce nom est associé à l’efficacité ! Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, voici un petit résumé !

 

Ratsimamanga : un emblème national

Un membre de la famille royale, un médecin et un scientifique de renom

Albert Rakoto Ratsimamanga est le petit-fils du prince Ratsimamanga, oncle et conseiller de la reine Ranavalona III. Le fait d’être issu d’une famille aristocratique forgera son destin, mais en tant qu’homme, il restera humble et serviable. Il apparaît évident que sa vocation est la médecine.

Dans les années 30 et 40, il devint médecin de l’Assistance Médicale Indigène (AMI), puis se rendit en France pour devenir docteur en médecine, docteur ès sciences, diplômé de l’Institut de médecine exotique et de l’Institut Pasteur.

Ces travaux sur la biochimie, la physiologie des hormones, en l’occurrence les corticosurrénaliennes lui valent une renommée internationale. Dans les années 70, il retourna à Madagascar et créa le CNRSP (Centre National de Recherches Scientifiques et Pharmaceutiques, ainsi que l’IMRA (Institut Malgache de Recherches Appliquées).

 

Un nationaliste et un diplomate

En 1935, Albert Rakoto Ratsimamanga fonda le MDRM (Mouvement Démocratique pour la Rénovation de Madagascar), déposant lui-même les statuts à la Préfecture de Paris. Ce mouvement est incontournable dans l’histoire malgache, et est connu pour la lutte pour la liberté et l’indépendance de Madagascar. Tout s’arrête cependant en 1947 dans un bain de sang, mais du sang de héros.

Après l’obtention de l’Indépendance en 1960, il devint ambassadeur malgache en France (et ce, jusqu’en 1972), mais créa aussi les ambassades en Allemagne fédérale (1962), en Sierra Leone (1963), en U.R.S.S.(1973) et en Corée du Nord (1973). De plus, il représente son pays auprès de l’OMS, l’UNESCO et la FAO. À sa mort, le 16 septembre 2001, le pays perdit un héros national.

   

 

Un nom auquel les Malgaches font confiance

Un médicament mondialement connu contre le diabète

À son retour au pays vers 1973, il fonda l’IMRA avec sa femme, Suzanne Urverg, recherchant et développant des phytomédicaments et des remèdes traditionnels améliorés. L’institut arriva à son apogée en 1998, lorsqu’après 25 ans de recherches, le Pr Rakoto-Ratsimamanga et ses collaborateurs, en partenariat avec le laboratoire français Rhône Poulenc-Rorer, découvrirent le premier antidiabétique mondial d’origine végétale : le MADEGLUCYL. Il fut nommé "International Man of the Year 1997-1998" et l’institut se développa,comprenant 102 personnes, dont 32 chercheurs et techniciens en 1998.

 

Divers médicaments utilisés par les Malgaches

Situé à Avarabohitra Itaosy, Antananarivo 102, Madagascar, l’institut consiste en un jardin botanique, une animalerie,divers laboratoires de recherche et un centre médical. L’IMRA, devenu Fondation Albert et Suzanne Rakoto Ratsimamanga, développe aujourd’hui des produits médicamenteux et cosmétiques, ainsi que des huiles essentielles. Plusieurs domaines sont concernés : phytochimie, pharmacologie parasitaire et cellulaire, diabétologie, pharmacodynamique et toxicologie, chimie analytique des huiles essentielles…

Les Malgaches utilisent ces produits, moins chers que les produits importés, au quotidien pour se soigner et prendre soin de leur santé : calcium, produits pour le foie, le calcul rénal, etc. La population les appelle produits Ratsimamanga et presque tout le monde y fait confiance, d’autant plus qu’ils s’avèrent efficaces. Le 2 octobre 2012, la Fondation Albert et Suzanne Rakoto Ratsimamanga est même reconnue d’utilité publique par le Conseil de gouvernement.

 

Annonce du Covid-Organics et remontée de la renommée de Ratsimamanga

Qu’est-ce que le Covid-Organics ?

Il est donc tout à fait naturel que le Gouvernement malgache ait choisi l’IMRA pour le représenter et ordonner la recherche et la fabrication d’un remède contre le virus du moment ! Cela n’a pas pris longtemps pour que l’institut mette en bouteille le remède annoncé préalablement en grande pompe par le Président malgache.

Le 19 avril 2020, les Malgaches et « le reste du monde » ont pu découvrir qu’il s’agissait d’une solution buvable, en l’occurrence une tisane à base d’Artemisia. Ce remède préventif et curatif, dénommé Covid-Organics (CVO), aurait fait ses preuves sur les patients malgaches atteints du Covid19 et ferait prochainement l’objet d’essais cliniques dans des laboratoires étrangers.

      

Similitudes avec la proposition de La Maison de l’artémisia

Le 23 mars 2020, La Maison de l’Artemisia a lancé l’Appel à projets lutte COVID-19 :prévenir et atténuer l’épidémie avec l’Artemisia annua. Dans ce document, l’ONG avance des arguments et des faits scientifiques pour suggérer l’utilisation de la plante en tant que prévention, et ce, sous forme de décoction quotidienne, à raison de de 10 g par personne et par jour sur une durée de 7 jours. Ceci ressemble « étrangement » à la posologie du Covid Organics. Il ne serait pas étonnant de savoir que chaque bouteille contienne 10 g d’artémisine.

Dans tous les cas, dans cet appel à projets, l’innocuité d’une préparation à base de décoction d’Artemisia annua est vivement et rationnellement défendue, avec des preuves scientifiques. Les principes actifs de la plante résolvent les symptômes de difficulté respiratoiremodérés, avec des résultats avérés lors des traitements du SARS-CoV en 2002, et du COVID-19 en 2020, sur des patients en Chine. La Maison de l’Artemisia a affirmé être prête à mettre à disposition immédiatement et gratuitement de l’Artemisia annua à destination du personnel soignant des services de réanimation des hôpitaux français. La production est « très peu chère » affirme le document.

 

Qu’est-ce que l’artemisia ?

Le Covid Organics est à base d’Artemisia, une plante utilisée depuis des siècles par la médecine chinoise. La chercheuse en pharmacie chinoise, Tu Youyou, avait même obtenu le prix Nobel de médecine en 2015 pour ses travaux de recherche contre le paludisme, impliquant l’Artemisia. Cependant, l’OMS et l’Académie nationale de médecine semblent être sceptiques et recommandent de l’associer avec d’autres médicaments.

L’artemisia se décline en fait sous de nombreuses espèces et est très présente en France, en Chine et au Sahara. Elle est consommée sous différentes formes : tisane à but thérapeutique, spiritueux (l’asbinthe à base d’Artemisia absinthium) à but récréatif… À savoir que Madagascar possède le plus grand stock d’artemisine au monde (environ 10 % de la production mondiale), que la société Bionexx exporte en Asie et surtout en Europe.

Le 24 mars 2020, Lucile Cornet-Vernet, fondatrice et vice-présidente de la Maison de l’artemisia, une association basée à Paris, avait envoyé une lettre à plusieurs pays africains, recommandant l’exploitation de l’artemisia annua et l’artemisia afra, deux plantes médicinales aux vertus antipaludiques, pour lutter contre le Covid-19. Une dizaine de pays, dont la RDC, la République centrafricaine, le Rwanda, la Côte d’Ivoire, le Bénin… et Madagascar, auraient donné leur accord de principe pour pratiquer des essais cliniques basés sur la plante.

L’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique avait mené l’enquête et avait découvert qu’une partie du discours du président Andry Rajoelina sur le remède contre le Covid-19 reprenait des passages de cette fameuse lettre de La Maison d’Artemisia, adressée à l’origine au ministre malgache de la Santé, Ahmad Ahmad.

    © Détours Madagascar

 

 

Réception du Covid Organics

Avis du corps médical et de la communauté scientifique

Le potentiel de l’artemisia dans la lutte contre le Covid-19 est certain, mais pour pouvoir affirmer qu’elle peut guérir les malades, il faudrait passer par des essais in vitro, avant les essais sur de véritables patients. C’est ce que confie Catherine Hill, épidémiologiste et ancienne cheffe de service à l’Institut Gustave Roussy, à Villejuif. Un institut a déjà lancé un essai in vitro le 8 avril, mais n’a pu jusqu’ici affirmer quoi que ce soit ! Il s’agit du célèbre institut allemand Max Planck, lauréat de 18 prix Nobel depuis 1948 et auteur de 15 000 publications par an. L’entreprise américaine ArtemiLife et des chercheurs danois ont collaboré à cet essai.

Depuis le 20 avril, un communiqué de l’Académie nationale de médecine de Madagascar circule sur Facebook, mettant en garde la population sur le fameux remède et le fait qu’aucune preuve scientifique claire n’a été apportée et qu’il fallait faire particulièrement attention aux enfants.

Sur LinkedIn, le Pr Stephane Ralandison, Doyen de la Faculté de Médecine de Toamasina, met également en doute la crédibilité et l’utilité du Covid Organics. Il affirme que les malades malgaches atteints du Covid-19 présentent peu de symptômes et que dans ce cas, peu importe le traitement, on ne peut qu’avoir de bons résultats. Et pourquoi faire prendre aux « personnes saines » un quelconque risque, si petite soit-elle ? S’est-il posé comme question.

 

Avis de la population

Les Malgaches font généralement confiance au nom de Ratsimamanga, ce savant et héros malgache. Il gagnera encore en notoriété, même s’il n’est plus de ce monde ! Dans tous les cas, il aura laissé un héritage qui durera encore bien longtemps ! Certaines réactions ont cependant été mitigées à cause du fait que le Président l’ait annoncé comme une autopublicité et que les Malgaches méritaient des explications plus détaillées et plus rassurantes de la bouche d’un expert, un scientifique.

Le Chef de l’État avait également annoncé que la tisane serait distribuée et administrée aux élèves qui allaient reprendre les cours. Certains parents ne sont pas forcément d’accord, d’autant plus qu’il semble que l’annonce laissait entendre qu’on ne leur donnait pas le choix !

Bien évidemment, beaucoup ont cependant loué les efforts et les compétences de l’IMRA et du président. Dans les rues, la foule se met en ligne pour recevoir sa dose de Covid Organics une bouteille à la main. Les autres se demandent les uns aux autres les lieux où l’on peut s’en procurer !

Le Maire d’Antananarivo, lui, conclut dans un communiqué de presse que la population malgache est plus jeune et résistante, et qu’elle possède des défenses immunitaires plus adaptées, ayant déjà fait face à beaucoup d’épidémies (paludisme, grippe, choléra, peste, etc.) et baignée dans la chloroquine depuis le jeune âge. Dans tous les cas, Madagascar vaincra ce virus !

 

© Détours Madagascar - 24 Avril 2020