Golem Grad - Nomadays

Macédoine du Nord

Golem Grad

Située au cœur du lac Prespa, en Macédoine du Nord, Golem Grad est une île fascinante qui regorge d’histoire, de nature préservée et de mystères. Elle attire les amateurs d’aventure, d’archéologie et de biodiversité. Cette destination inhabitée, nichée dans le parc national de Galicica, est une île unique. Que vous soyez passionné d’archéologie, amateur de faune sauvage ou simplement en quête d’un lieu hors des sentiers battus, Golem Grad ne manquera pas de vous fasciner.

Caractéristiques générales

Le nom Golem Grad signifie « Grande Ville » en macédonien, mais contraste avec ses dimensions modestes. D’une superficie de 18 hectares, l’île mesure environ 600-750 mètres de long et 350-450 mètres de large, avec sa partie la plus élevée culminant à 50 mètres au-dessus du lac. Son littoral est bordé de falaises abruptes, rendant l’accès difficile en dehors de deux petites baies qui permettent d’accoster. Formée à partir d’un énorme rocher probablement détaché des montagnes environnantes d’un séisme il y a des milliers d’années, Golem Grad est la seule île de Macédoine du Nord et appartient à la municipalité de Resen.

Golem Grad est également surnommée « l’île aux serpents » (Zmiski Ostrov), un nom qui lui vient de la forte présence de serpents d’eau inoffensifs qui peuplent ses rives et ses terres. Par ailleurs, l’île fait partie du parc national de Galicica. Son écosystème unique, situé à 800 mètres d’altitude, attire depuis plusieurs années des scientifiques cherchant à mieux comprendre ses spécificités.

Histoire et découvertes archéologiques

L’île de Golem Grad porte les traces d’un passé fascinant, marqué par des civilisations anciennes et des rites mystérieux. Habitée depuis la préhistoire, elle a vu se succéder différentes cultures. Les premiers habitants de l’île remontent au néolithique, comme en témoignent les armes en pierre, utilisées par des pêcheurs vivant sur les rives du lac. À partir du IVe siècle av. J.-C., Golem Grad devient un centre de peuplement plus structuré, probablement occupé par la tribu macédonienne des Oresti.

De cette période date la nécropole découverte au sud de l’île, où des rituels de crémation étaient pratiqués, accompagnés de riches offrandes : bijoux en or et en argent (pendentifs, broches), armes de soldats et vases en céramique. Les monnaies retrouvées (drachmes de Philippe II de Macédoine, pièces en bronze de la Ligue Chalcidienne, didrachmes de Tagara, etc.) témoignent des relations commerciales florissantes avec des régions lointaines.

L’Antiquité a également laissé sur l’île des murailles défensives, construites en blocs de pierre taillés grossièrement, protégeant l’accès au village primitif. Deux habitations en pierre et en plâtre ont été aussi mises au jour, dotées de sols en terre battue et en pierre ornée, ainsi que d’un système de drainage intégré. Pendant l’Empire romain, une citerne imposante a été édifiée dans la roche pour collecter l’eau potable.

À partir du IVe siècle apr. J.-C., Golem Grad a connu un renouveau avec la construction d’un complexe monastique qui restera actif jusqu’au XIVe siècle. Des églises majeures y ont été bâties. Ces édifices, associées aux tombes de prêtres retrouvées sur place, confirment l’importance religieuse de l’île à l’époque byzantine. Parmi eux, l’église Saint-Pierre (Saint-Petar), datant du XIVe siècle, est la mieux préservée. Malgré l’absence de toit, elle conserve encore des fragments de fresques à l’intérieur et à l’extérieur. Cependant, certaines peintures murales avaient été volontairement détériorées, comme en témoignent les inscriptions gravées sur ses murs. À proximité, on trouve les ruines de l’église médiévale Saint-Dimitri (Saint-Démétrius) ; également construite au XIVe siècle.

En outre, malgré son isolement, Golem Grad n’a jamais cessé d’attirer l’attention des civilisations successives. Des objets de culte païen y ont aussi été mis au jour, suggérant une coexistence entre rites chrétiens et croyances ancestrales.

Abandonnée au fil du temps, l’île a été peu à peu reconquise par la nature. Certains mythes locaux évoquent un endroit maudit ou réservé aux pratiques ésotériques, ce qui explique l’absence de population permanente depuis des siècles.

Biodiversité

Golem Grad est un véritable paradis pour les zoologues, les naturalistes et les photographes animaliers. Sans carnivores pour perturber l’équilibre, la faune locale prospère dans cet environnement où la nature suit son cours sans intervention humaine.

Une île aux serpents et aux reptiles fascinants

Golem Grad est le refuge de nombreuses espèces de reptiles, dont certaines présentes des caractéristiques uniques. La couleuvre tessellée (Natrix tessellata), qui y trouve sa plus grande population en Macédoine, arbore des teintes inédites. Les vipères à nez long (Vipera ammodytes), considérées comme les plus dangereuses d’Europe en raison de leur grande taille, de leurs longs crocs et de leur venin puissant, évoluent en version naine sur l’île.

On y rencontre également des couleuvres des dés, des lézards des murailles évoluant librement dans un habitat préservé. Même si certaines espèces sont venimeuses, la plupart des serpents ne sont généralement pas agressifs et préfèrent fuir à l’approche des humains.

De nombreuses tortues d’Hermann et des tortues des Balkans se développent aussi à Golem Grad. Fait intriguant pour les chercheurs, une proportion significative des tortues de l’île présente des comportements homosexuels, un phénomène rare dans la nature et sujet d’études scientifiques approfondies.

Un refuge pour divers oiseaux

Golem Grad est également un sanctuaire pour de nombreuses espèces d’oiseaux, attirés par les eaux riches du lac Prespa et la végétation luxuriante de l’île. Parmi elles, le majestueux pélican frisé trouve refuge sur les falaises. Les grands cormorans, si nombreux qu’ils assombrissent les arbres des falaises, côtoient d’autres espèces emblématiques telles que le cormoran pygmée, le martinet alpin ainsi que le héron cendré.

Une flore variée

L’environnement de Golem Grad est marqué par une végétation dense et variée. L’île est recouverte de forêts de chênes et de genévriers sauvages, certains centenaires, témoignant d’un écosystème intact et protégé. On y trouve aussi des amandiers sauvages et des orties.

Comment s’y rendre ?

Golem Grad est accessible uniquement par bateau, avec plusieurs points de départ possibles. Le village de Konjsko, situé à environ 4 km de l’île, est l’option la plus rapide, avec une traversée d’à peu près 30 minutes en bateau classique, voire seulement 10 minutes en embarcation rapide. Le village de Stenje est un autre point de départ possible, dont le trajet jusqu’à l’île dure environ 90 minutes.

En outre, il est recommandé de partir tôt, car les vagues du lac Prespa ont tendance à se renforcer au fil de la journée. Pour les visiteurs souhaitant une expérience encadrée, des excursions organisées sont proposées, notamment depuis Ohrid. Il est aussi possible de négocier une traversée avec des pêcheurs locaux.

L’île de Golem Grad ne disposant d’aucune infrastructure touristique, faire appel à un guide est conseillé afin d’explorer ce site sauvage et préservé. L’île étant relativement petite, les visiteurs peuvent en faire le tour en quelques heures. Cependant, il est recommandé de porter des chaussures adaptées, car certains chemins sont escarpés et la présence de serpents impose une certaine prudence.

Quand y aller ?

La meilleure période pour visiter Golem Grad est entre mai et septembre, lorsque les températures sont agréables et que la biodiversité est à son apogée. Au printemps, l’île se couvre de fleurs sauvages, tandis que l’été offre des conditions idéales pour observer les pélicans et explorer les ruines.

Golem Grad aujourd’hui

L’île de Golem Grad a été officiellement ouverte aux visiteurs depuis le 14 juillet 2008. Elle est accessible via des excursions approuvées par l’administration du parc national de Galicica et attire un nombre croissant de touristes fascinés par son patrimoine naturel et historique. Des sentiers de pierre ont été aménagés, et des panneaux d’information en anglais et en macédonien permettent aux visiteurs de mieux comprendre les vestiges archéologiques qui jalonnent l’île.

Il faut noter que les fouilles archéologiques sur l’île ont commencé en 1898 (durant l’expédition du scientifique russe Miliukov). Aujourd’hui encore, les archéologues poursuivent leurs recherches, mettant au jour des vestiges précieux qui renforcent l’importance historique du site. En parallèle, à la demande de l’UNESCO, des experts travaillent au recensement de la faune et de la flore de Golem Grad.

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