L'influence française dans l'architecture laotienne - Nomadays

Laos

L'influence française dans l'architecture laotienne

16 juil. 2019

L'histoire du protectorat français dans l'ex-Indochine a toujours mêlé ses vers aux explorateurs et diplomates tricolores. Auguste Pavie, l'un d'eux, est arrivé au Laos en 1887. Le quarantenaire découvre alors l'existence d'une grande ville, ou plutôt d'une constellation de nombreux villages côtoyant chacun en leur centre une pagode bouddhiste. Voici Luang Prabang, alors vassal du royaume de Siam. Lieu de demeure du roi Oun Kham. Les deux hommes se lient d'amitié et Pavie accepte alors, accompagné de troupes en provenance d'Hanoï, de protéger la ville contre l'invasion de rebelles chinois. Prémices d'un protectorat français des peuples lao, substitué au Siam, et officialisé le 3 octobre 1893 dans ce nouveau territoire : le Laos.

La capitale de ce nouveau Laos français est installée à Vientiane et le pays se divise en 10 provinces. Le royaume de Luang Prabang dispose d'un régime spécial, le roi conservant le pouvoir de légiférer, mais la France y est bien présente et bâtira ses édifices administratifs. Vientiane, elle, accueillera la pléiade tricolore venue ici pour s'installer.

Une cité à reconstruire

Il ne reste aujourd'hui dans la capitale laotienne qu'une infime partie de l'architecture de l'époque du protectorat. Tout a été plusieurs fois rénové ou détruit. À leur arrivée néanmoins, les Français ont entrepris un large travail de reconstruction de la ville. Moins d'un siècle auparavant, en 1828, Vientiane est annexée par le royaume de Siam. La ville est totalement mise à sac, les habitants lao sont déportés et les troupes siamoises défrichent et saccagent le lieu. Les Français découvrent, 60 ans après, une cité marquée, déserte, et en ruine, qui n'a pas su se reconstruire. Ils vont alors y bâtir de nombreux quartiers où pulluleront des habitations au style français, les persiennes en tête de gondole. Ces volets sont d'ailleurs toujours utilisés aujourd'hui dans l'architecture laotienne, ils favorisent la fraîcheur dans ce climat tropical.

Bien que construit par Tham Sayasithsena, un architecte laotien, le Patuxai, monument emblématique de la ville de Vientiane prend son inspiration dans l'Arc de Triomphe de l'Étoile à Paris.

   

Luang Prabang, un tableau différent

Du côté de la capitale culturelle du pays le son de cloche n'est pas le même. Aujourd'hui les rues de Luang Prabang connaissent un fort métissage. On peut y voir des maisons coloniales, des terrasses de café, des pots de fleurs, une ambiance provençale mélangé à l'aspect religieux. Les temples et les pagodes sont d'un style laotien et asiatique pur. Ce mix s'est formé en très peu de temps. Les premiers arrivants français ont donc découvert Luang Prabang, cette ville, ou plutôt cet amas de villages, entièrement construite en bois. Cette ressource étant abondante dans le pays. Les Français y ont importé la brique et leur savoir-faire pour y construire de nombreux bâtiments administratifs. Les Laotiens ont par la suite adopté cette nouvelle technique et ont changé leur architecture pour y introduire ce materiau. Les escaliers en briques ont par exemple été un véritable carton lors du XXe siècle au Laos, symbole de réussite pour le propriétaire. Très peu d'habitations faites entièrement en bois subsistent aujourd'hui.

   

Thibault Bourru