Le patrimoine culturel immatériel du Kirghizistan - Nomadays

Kirghizistan

Le patrimoine culturel immatériel du Kirghizistan

03 juin 2020

Connu pour ses montagnes sans fins et sa terre de trek, le Kirghizistan est aussi un pays où les traditions, essentiellement nomades, ne se perdent pas. Voyager au Kirghizistan n’est donc pas seulement l’occasion parfaite de profiter de paysages majestueux et sauvages, mais aussi de partir à la rencontre de son peuple accueillant et de sa culture captivante. D’ailleurs, les Kirghizes sont fiers de leur héritage culturel et ne laissent pas la modernité l’effacer. Voici le patrimoine culturel immatériel kirghize reconnu par l’Unesco, à rajouter à sa liste de choses à voir lors d’un séjour au Kirghizistan :

      

Le Kalpak, chapeau traditionnel kirghize

Dernier objet culturel du Kirghizistan à avoir intégré la liste de l’Unesco, le kalpak (ou al-kalpak) est un chapeau en feutre porté depuis des générations par les hommes. En forme de montagnes, l’al-kalpak est fabriqué en feutre blanc et décoré d’ornements dont chaque forme et chaque couleur a une importante signification. Il existe d’ailleurs 80 types de Kalpaks, qui ne peuvent pas être choisis au hasard.

Le Kalpak prend une forme de montagne enneigée, avec quatre versants, qui représentent chacun un élément (l’air, la terre, le feu, l’eau). Les couleurs représentent l’âge et le statut social de l’homme qui le porte, alors que les symboles portent différents messages : les tribus, la mère-protectrice...

Pour les Kirghizes, le Kalpak est bien plus qu’un chapeau pratique, isolant, porté en hiver comme en été. C’est un élément sacré qu’on traite avec beaucoup de respect : il est par exemple interdit d’offrir son kalpak à un autre (en dehors de l’héritage).

   

La yourte, habitation traditionnelle

Toujours du côté du feutre, la yourte kirghize et sa fabrication ont aussi trouvé leur place sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Fabriquée entièrement à la main avec du matériel naturel (feutre, bois, cuire...), cette maison nomade permet aux Kirghizes de voyager d’un pâturage à l’autre sans grande difficulté. Toujours utilisée par les bergers qui sont désormais, pour la plupart, semi-nomades, la yourte reste un symbole important pour le Kirghizistan. D’ailleurs, on retrouve son toit, le tunduk, qui représente le soleil et les 40 tribus kirghizes, sur le drapeau du pays.

En plus d’être au coeur de la vie nomade, la yourte a un rôle social fort, car sa construction, comme son montage, requiert la participation de tout le village. Elle est donc symbole d’unité et d’harmonie pour le peuple kirghize. Lors de votre voyage au Kirghizistan, vous aurez plusieurs fois l’occasion de dormir sous une yourte dans les « jailoos » de montagne, et d’apprendre à monter une yourte dans le village de Kyzyl Tuu.

   

Le chirdak, tapis traditionnel

L’art du feutre au Kirghizistan est hérité de génération en génération et occupe une place importante dans la vie quotidienne, car aujourd’hui comme avant, on fabrique tout en feutre : vêtements, maison (yourte), décorations... Les tapis kirghizes ne font pas exception de ce côté là : fabriqué en feutre et à la main, avec des colorants naturels, ils sont très importants dans la culture.

Fabriqués par les femmes de manière traditionnelle, l’ala-kiyiz et le chirdak ont une importance culturelle primaire dans la communauté kirghize. Le chirdak, par exemple, est offert aux nouveaux-mariés par la mère de la fille comme promesse de bonheur et de prospérité. Sans chirdak, une jeune femme ne pouvait pas se marier. Les symboles et les couleurs sont dotés de nombreux messages, et, comme pour la yourte, l’art du tapis demande la coopération de plusieurs femmes.

Ce savoir-faire est aussi inscrit sur la liste de sauvegarde urgente de l’Unesco, car, malheureusement, la technique se perd.

   

Le Kok-Boru, jeu équestre

Le Kok-Boru est sûrement le jeu nomade le plus spectaculaire du Kirghizistan. Il s’agit d’un sport où deux équipes, à cheval, s’affrontent pour déposer une carcasse de chèvre ou de mouton dans un but. Pratiqué à travers l’Asie Centrale sous différentes règles (bouzkachi, kokpar, ulak tartysh...), ce jeu nomade servait à entraîner cavaliers et cheveaux en temps de paix. Il reste très populaire notamment au Kirghizistan, où une fédération nationale à été créée en 1998 pour réglementer le jeu et en faire un sport international.

   

L’épopée de Manas

Plus grande épopée du monde (seize fois plus longue que l’Illiade et l’Odyssée !) , la trilogie de Manas, Semetey (son fils) et Seitek (son petit-fils) s’impose comme un récit fondateur du Kirghizistan. Ce long poème raconte l’unification des tribus kirghizes, les guerres et les victoires, les moeurs et les coutumes, les valeurs sociales, et sert de guide aux Kirghizes depuis des générations. Conservé à l’oral par les conteurs traditionnels, ce monument littéraire est d’une grande importance pour le Kirghizistan. D’ailleurs, Manas, père fondateur de la nation, est célébré un peu partout : des rues, montagnes, et monuments à son effigie dans l’ensemble du pays rappellent l’importance historique et symbolique de ce personnage.

   

Les Akyn ou Manastchis, conteurs épiques

Qui dit épopée dit conteurs... Les Akyn, aussi appelés les Manastchis, sont les conteurs épiques kirghizes qui récitent la fabuleuse épopée de Manas. La récitation, qui peut durer des heures, transporte les conteurs dans une transe chantée, où se mêlent mémoire et improvisation. Les conteurs ne se servent pas du texte écrit de Manas, mais des histoires passées de maitre à élève, et des révélations. D’ailleurs, les manastchis deviennent conteurs souvent suite à un rêve, choisis par Manas pour perpétrer l’histoire kirghize.

   

L’Aitysh, art de l’improvisation

Côté arts toujours, les Kirghizes pratiquent aussi l’aitysh, une compétition entre deux musiciens. Deux hommes se font face et improvisent un poème sur un thème actuel, en s’accompagnant de l’instrument de musique national, le komuz.

   

Nowruz

La fête du nouvel an perse, marquant le début du printemps chaque 21 mars, a aussi trouvé sa place sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Fête grandiose célébrée à travers l’Asie Centrale, Nowruz est l’occasion d’assister à des spectacles de danse et de musique traditionnelles et à des jeux nomades. Traditionnellement, familles et villages se recueillent autour d’une table bien garnie, en signe de promesse de bonheur et de prospérité pour l’année à venir. Venir au Kirghizistan pour la fête de Nowruz est la meilleure manière de découvrir la culture locale !

   

La fabrication du pain

Autre coutume de l’Asie centrale, la fabrication et le partage du pain a une place importante dans la culture locale. Au Kirghizistan, le pain (lepioshka) est cuit dans un tandyr, un four en terre dans le sol. Exceptionnellement moelleux, ce n’est pas juste un délice à se mettre sous les dents. Le pain est très important dans la culture kirghize : on le sert aux événements familiaux avec beaucoup de respect. Par exemple, lors de funérailles, le pain est sensé guider le défunt vers l’au-délà.

Au Kirghizistan, le pain est traité avec beaucoup de respect. Même les familles pauvres vous offriront un morceau de pain avant de partir de chez eux, à ne surtout pas refuser. De même, on ne jette pas le pain : si un Kirghize voit des miettes par terre, il les ramassera pour les mettre en hauteur et les offrir à des oiseaux, par exemple. Le pain doit aussi être partagé avec les mains et distribué à tous les invités à table.

 

 

Marion Biremon