Les Shukubo, temples auberges japonais - Nomadays

Japon

Les Shukubo, temples auberges japonais

Si les métropoles du Japon ne cessent d’attirer de plus en plus les touristes, beaucoup de visiteurs ne se contentent pas des artifices et recherchent la culture profonde. Un shukubo, traduit littéralement par « dormir chez les moines », fait partie des expériences à vivre absolument lors d’un séjour au Japon pour communier avec l’âme du pays.

Histoire

Le shukubo était à l’origine une maison d’hébergement pour les pèlerins des temples bouddhistes, notamment les moines. Durant l’époque Heian (794-1185), les hauts dirigeants et leurs proches, les samouraïs, mais aussi le grand public ont commencé à visiter les sites sacrés. Depuis, la clientèle des shukubo s’est diversifiée. Pendant la période Edo (1603-1868), une sorte d’industrie touristique a fini par se créer autour de l’Oise Mairi au sanctuaire d’Ise-jingu à Ise et des visites du Zenko-ji à Nagano. Certains bâtiments des grands temples sont ainsi devenus des shukubos.

Découvrir les Shukubos

Les influences bouddhistes et shintoïstes restent profondément ancrées dans la culture et la tradition collective, les rituels, l’architecture… Le shukubo vous ouvre une voie, non seulement pour vous ressourcer, mais aussi pour découvrir la vie monastique et déceler certains mystères de la foi au Japon.

À quoi ressemble un shukubo ?

Les shukubos se montrent élégants et d’une dignité imposante dès leur entrée. Les portails changent d’apparence selon la fonction et l’époque de construction du bâtiment. A l’intérieur des shukubos, le lieu central accueille usuellement le Hondo où sont disposés des statues bouddhistes et des objets de culte. Les établissements les plus vénérables possèdent des fusuma (peintures sur portes coulissantes) portant la signature d’anciens maîtres japonais. Côté chambre, vous retrouverez une ambiance traditionnelle, avec un sol en tatami, un futon et une décoration simple. La plupart des logements disposent de la climatisation et du chauffage. Dans certains cas, il y a la télévision, le téléphone et même la connexion wifi. Les salles de bains sont généralement communes, mais grandes, comprenant de temps en temps un onsen. Côté jardin, le cadre est paisible, ayant été soigneusement aménagé par des maîtres paysagistes.

Un shukubo représente bien plus qu'un simple hébergement

Apprenez-en davantage sur les subtilités de la vie monastique en participant aux activités quotidiennes des bouddhistes. Dans certains shukubo, vous aurez la possibilité de vous initier à l’ajikan, au rituel du feu du bouddhisme ésotérique ou à la méditation visuelle. Livrez-vous à une marche méditative dans les couloirs ou dans les jardins préservés. Découvrez l’art du shakyo, une calligraphie thérapeutique qui consiste à reproduire les sutras bouddhistes. Enfin, goûtez à la cuisine traditionnelle Shojin ryori, la « « nourriture de dévotion » concoctée essentiellement à base d’ingrédients d’origine végétale. Parmi les plats courants, vous avez le tempura, le tofu et la « gelée du diable ».

Où trouver un shukubo ?

Le centre-ouest du Japon abrite la plus grande concentration de Shukubo. Le mont Koya, dans la préfecture de Wakayama, fait partie des destinations les plus convoitées, autant par les Japonais que par les touristes étrangers. Base du bouddhisme Shingon, cette montagne classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO compte plus d’une centaine de temples actifs, dont une trentaine propose le gîte et le couvert.

Dans la préfecture de Nagano, les shukubos entourant le temple de Zenko-ji connaissent aussi un franc succès auprès des voyageurs d’outre-mer. Il existe environ 40 gîtes pour vous accueillir, dont des shukubos bon marché pouvant parfaitement se substituer à une auberge de jeunesse. Le matin, les moines de la secte Jendai vous inviteront à participer à des rituels ancestraux : l’O-juzu choudai (procession de la roseraie) et l’oasaji (prière matinale). Toujours à Nagano, le sanctuaire Togakushi apparaît dans les plus vieux ouvrages historiques du Japon, notamment le « Kojiki ». Selon la légende, de nombreuses divinités auraient fréquenté l’endroit. Le lieu est considéré comme un « centre de pouvoir » où les visiteurs peuvent recevoir de la force. En hiver, vous aurez la possibilité de faire du ski à proximité.

A la pointe septentrionale de Honshu, dans la préfecture d’Aomori, le shukubo Kichijo Kaku se targue de son onsen. Dans les temps anciens, on raconte que les pèlerins fatigués récupéraient rapidement après s’être baigné dans la source thermale. Vous trouverez également un shukubo connu dans la préfecture de Saitama. Le temple de Taiyoji se niche au cœur d’une nature préservée, à flanc de montagne, avec une vue panoramique sur les sommets du parc national de Chichibu-Tama-Kai. Le lieu a été placé n°1 dans le classement Shukubo de Nikkei Shinbun.

Un peu à l’écart du centre-ville de Kyoto, le temple Jorengein profite lui aussi de la sérénité des montagnes. Cuisine végétarienne, méditation zazen, activités artistiques… Ce shukubo vous immerge pleinement dans la culture monastique. Vous avez la liberté de prendre part aux cérémonies religieuses à l’aurore, ou bien de faire la grasse matinée.

Conseils pratiques pour dormir dans un shukubo

Vous n’êtes pas obligé de pratiquer la foi bouddhiste pour séjourner dans un shukubo au Japon. Les établissements reçoivent tout le monde, sans distinction de religion, de pays ou de sexe. Bien plus qu’une attraction touristique, les shukubos sont une invitation à la découverte d’un univers religieux. Vous devez respecter l’endroit, en particulier les lieux de culte, ainsi que ses résidents. Il existe quelques règles à suivre lorsque vous séjournez dans un shukubo :

  • Otez vos chaussures à l’entrée du temple.
  • Habillez-vous de façon modeste lorsque vous participez à une cérémonie. Les shorts, les jupes courtes, les décolletés ou les habits trop moulants sont à éviter.
  • Respectez les horaires du shukubo : le réveil et le couvre-feu du soir, les rituels, les bains, les repas…
  • Parlez doucement, portez des écouteurs si vous voulez écouter de la musique afin de ne pas perturber le calme des lieux.

A tout moment, veillez à respecter l’intimité des autres. Ne prenez pas de photos ou vidéos sans avoir demander la permission.

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