Japon : Ambiance d'une station de ski - Nomadays

Japon

Japon : Ambiance d'une station de ski

16 juin 2019

L'île septentrionale du Japon se nomme Hokkaido. Sa latitude la place au niveau des Alpes françaises, et pourtant… Il y fait beaucoup plus froid et y tombe bien plus de neige. C'est que la Sibérie et ses courants froids ne sont pas loin.  

Dès l'arrivée à l'aéroport de Sapporo, « capitale » d' Hokkaido, on remarque les sportifs, housse de ski ou de snowboard sur l'épaule, veste en goretex dernier cri, impeccablement bien équipés. L'organisation du départ est typiquement japonaise : des chefs de groupe munis de drapeaux rassemblent les individus désirant prendre l'une des dizaines navettes en direction des stations. Temps d'attente maximum : 10 minutes. C'est tout juste si le bus ne vient pas vous chercher dans le hall de l'aéroport. Avant que tous les passagers ne soient rentrés dans la navette, le chauffeur a déjà embarqué la totalité des bagages dans la soute. Une heure plus tard, vous avez oublié jusqu'au nom du pays dans lequel vous vous trouvez : en longeant des lacs, en pénétrant dans d'épaisses forêts, vous êtes persuadé que vous vous trouvez en Suède…

Tout à coup surgit ce qui semble être un immense bâtiment, que vous distinguez à peine à cause de la neige qui tombe à gros flocons. Nous ne sommes qu'à 100 mètres au-dessus du niveau de la mer et pourtant on n'aperçoit pas un brin d'herbe, tant le sol est recouvert d'une épaisse couche d'or blanc. Ce bâtiment, c'est un hôtel, le seul de la station, mais quel hôtel ! Digne des constructions kitsch et gigantesques de Las Vegas, il n'en dégage pas moins une ambiance sereine. L'accueil est bien entendu impeccable et la propreté des immenses halls de marbre paraît surréaliste. Les chambres sont très spacieuses et les suites confortables sans être d'un luxe ostentatoire : parfait pour un hôtel de station. La quantité de services offerts par l'hôtel est impressionnante : 10 restaurants au choix, 2 loueurs de matériel, une salle de jeux, une douzaine de boutiques diverses et variées, des vestiaires donnant un accès direct aux pistes, etc.

Le domaine skiable est assez grand pour pouvoir contenter tout bon skieur pendant plusieurs jours. Le nombre de snowboardeurs est impressionnant : la proportion doit approcher les 50 %. Il faut dire qu'avec la quantité de neige qui tombe à Rusutsu, ils auraient tort de s'en priver. L'île d'Hokkaido se trouve sur le passage des courants atmosphériques venant tout droit de Sibérie. C'est pourquoi vous serez toujours assuré d'y trouver de la neige en quantité et en qualité. Et c'est pourquoi le manque de montagnes n'est pas un problème : les pistes que l'on dévale ici ne sont autre que les pentes de volcans ! Encore plus étonnant : ces volcans culminent au maximum à … 1000 mètres ! Quant au dénivelé, il est lui aussi de 1000 mètres, puisque les pistes finissent tout en bas, au niveau de la mer. Ce qui équivaut à une station qui s'étalerait de 2500 à 1500 mètres dans nos contrées, chose qui n'est pas rare du tout…

   

Ajoutez à cela la possibilité de skier jusqu'à 21 heures tous les jours sur un quart du domaine, l'attente quasi-nulle aux télésièges et le fait que certaines pistes ne sont volontairement pas damées pour les snowboards, et vous commencerez à voir les stations françaises d'un autre œil. De plus, les innovations sont ici légion –on est tout de même au Japon. Tous les télésièges, non contents de ne jamais tomber en panne, offrent des banquettes de 4 à 6 places sous une cloche de plastique transparent pour se protéger du froid – il fait régulièrement -10°. Ces télésièges sont tous balayés un à un par un employé souriant juste avant que vous posiez votre postérieur dessus. En haut, vous aurez droit aux remerciements d'un autre employé, très honoré de votre présence dans la station. En ce qui concerne les possibilités de hors-piste, elles sont relativement limitées en nombre mais pas en qualité. L'épaisseur de la neige dans les forêts séparant les pistes est tout simplement incroyable. Le seul problème récurrent est un manque global d'inclinaison, mais il y a tout de même moyen de se faire plaisir dans de jolis champs de poudreuse, spécialement en snowboard.

Le soir, vous quittez l'univers extérieur pour ne rester qu'à l'intérieur. En effet, tout ce dont vous avez besoin se trouve dans les couloirs et dans les halls du gigantesque resort. Une piscine intérieure, des Onsens –les fameux bains japonais-, des salons de thé, un cybercafé, un pub, et encore bien d'autres choses vous attendent pendant que la neige tombe à l'extérieur. Les restaurants, eux, affichent un décor qui oscille entre mauvais goût et art naïf, entre ambiance soviétique, salons rococo, et parfois design épuré. Le service et la qualité de la nourriture servie sont irréprochables et le choix est large : cuisine italienne, japonaise, américaine, etc. Les restaurants sont tous à proximité des chambres, dans les dédales de ce complexe hôtelier si particulier. Et même si vous êtes logés dans la tour de 20 étages appartenant au complexe, vous n'aurez pas à marcher : un monorail est là pour vous y emmener !

Finalement, cet endroit au nom si étrange, dans lequel tous les employés, du perchiste au serveur, appartiennent au même groupe, dont les pistes sont exploitées par la société qui détient le complexe hôtelier et le parc d'attraction démentiel situé à côté, ressemble à s'y méprendre à une caricature du pays tout entier dans lequel il se trouve, un pays fonctionnant en circuit fermé, un pays réglé telle une montre suisse : le Japon.