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Aceh

La province d’Aceh est située à la pointe Nord de l’île de Sumatra et s’étend sur une superficie de 57 366 km2. Territoire spécial d’Indonésie, à l’image de la Papouasie, elle dispose d’une autonomie spéciale qui lui confère une plus grande liberté dans sa gestion administrative et légale. Sa capitale, Banda Aceh, se trouve sur sa côte Nord. Aujourd’hui, la province compte vingt-trois divisions administratives appelées kabupaten et kota. On vous explique ici l’histoire de cette province indonésienne qui se démarque du reste de l’archipel et qui est souvent l’objet de contestations à l’échelle politique et médiatique.

Histoire

Autrefois, la région accueillait les premiers royaumes musulmans et représentait une importante porte d’entrée pour l’islam qui, au fur et à mesure, finit par s’étendre au reste de l’Indonésie. L’actuelle Banda Aceh s’appelait Kutaraja, ou Kota Radja, « la ville des rois » et était également l’ancienne capitale du sultanat d’Aceh.

Au fil des siècles, la région devint le théâtre de nombreuses confrontations géopolitique et des nations luttent entre elles pour son contrôle. En effet, Aceh demeure un point stratégique du commerce maritime sur le reste du Sud-Est asiatique. Les Portugais et les Hollandais ont longtemps mené bataille pour soumettre la province à leur autorité. Le dernier sultan finit par être exilé au début du XXème siècle. Le sultanat tombe désormais entre les mains des colons néerlandais qui essaient, tant bien que mal, d’administrer la région et de soumettre les Acehnais à leur autorité.

C’est à partir de la même période que des mouvements islamiques commencent à affluer à Aceh, notamment sous l’emblème de Daud Beureueh, leader de la PUSA  (Persatuan Ulama Seluruh Aceh ou Union des oulémas d’Aceh), parti politique prônant l’islam et l’instauration d’une gouvernance islamique.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Acehnais se tournent du côté des Japonais pour s’opposer aux forces néerlandaises. A la fin du conflit mondial et à la suite de la capitulation sans condition du Japon, l’ensemble des îles de l’archipel demande son indépendance vis-à-vis des Pays-Bas.

Proclamation de l’autonomie spéciale d’Aceh

Lors de la Guerre d’Indépendance de l’Indonésie, la province d’Aceh demeure l’un des derniers piliers de la résistance indonésienne face aux Hollandais. Après la fin du conflit, en 1949, la nouvelle République obtient son autonomie et Sukarno est nommé à la tête de l’Etat. Cependant, la PUSA reste en perpétuel désaccord avec le gouvernement non-islamique et conteste le Pancasila qui prône la liberté de culte du peuple indonésien.

En 1950, Aceh est annexée à la province de Sumatra du Nord, perdant son autonomie. En conséquence, le mouvement politique et séparatiste Darul Islam mène une guérilla contre l’armée indonésienne en quémandant l’indépendance de la région. Après l’acceptation d’un cessez-le-feu, le gouvernement accepte d’entamer des discussions pour trouver une solution d’entente et finit par accorder un statut spécial à la province en 1959.

Aceh devient donc autonome au niveau du droit coutumier, de l’éducation de la population et de la pratique religieuse de l’islam. Cependant, l’arrivée au pouvoir de Suharto change la donne et la charia finit par être progressivement interdite. L’exploitation des ressources naturelles de la région par des groupes étrangers dont ne profitent pas les habitants finit par mettre le feu aux poudres.

Le Mouvement pour un Aceh libre appelé GAM (Gerakan Aceh Merdeka) est créé en 1976 et une guerre civile entre l’Etat indonésien et le parti s’empare de la région. L’armée finit par envoyer des troupes militaires dans la région en 1990.

Neuf ans plus tard, le nouveau président Habibie décide d’y réintroduire la charia et de réattribuer le statut spécial à la région. Aujourd’hui, l’islam fait donc parti des mœurs et coutumes de la population. Par exemple, les femmes sont tenues de porter le voile musulman en public et de nombreuses manifestations contre les chrétiens ou les homosexuels sont devenues courantes.

Aceh est notamment connu pour le tsunami du 26 décembre 2004 qui a ravagé la région et coûté la vie à des milliers de personnes. Depuis, la province s’est reconstruite et un tourisme a même fini par se développer autour des lieux de mémoire du tsunami.

Très critiquée par les médias en raison de ses politiques extrémistes, Aceh reste toujours un sujet sensible aux yeux de l’Etat indonésien et du reste de la population indonésienne, qui, malgré une majorité musulmane, reste davantage pour l’application d’un islam modéré et la tolérance des autres religions officielles.

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