Le village Bengkala, lieu oĂč le silence est Roi - Nomadays

Indonésie

Le village Bengkala, lieu oĂč le silence est Roi

30 juil. 2014

Le village Bengkala est situé au Nord de Bali, dans la région de Singaraja. En dehors de la beauté des paysages qui l’entoure et de la culture traditionnelle qui y perdure, Bengkala surprend par ses habitants et leur mode de vie. Ici, la parole a laissé place aux mouvements du corps et aux expressions du visage : la langue des signes est devenue leur quotidien. Un quotidien bien particulier, que seuls les voyageurs de passage pour plusieurs jours dans la région seront à même de comprendre. Zoom sur leur histoire.

A Bengkala, le nombre de personnes malentendantes ou sourdes est 15 fois plus élevé que la moyenne mondiale. Si étonnant que cela puisse paraître, ses habitants ont développé leur propre et unique langage des signes, qui semble se transmettre depuis des siècles. Etre sourd n’a alors rien d’anormal, bien au contraire: on parle d’un don de Dewa Kolok, Dieu de la surdité. Plus fortes physiquement, endurantes, patientes, persévérantes, ou encore plus loyales et honnêtes, ces sourds & malentendants sont reconnues dans le village comme ayant des qualités indéniables qui s’allient à celles des personnes valides. Tous sont alors complémentaires et évoluent en harmonie, en unissant leurs capacités pour améliorer leur quotidien.

Ces spécificités sont reconnues au-delà de Bengkala et les villages alentours affluent pour demander la protection de leur communauté. Nyoman Santiya est reconnu comme le chef des sourds et malentendants du village. Il raconte aux voyageurs de passage combien la surdité de son fils lui a apporté, à lui et à sa famille: « Après sa naissance, je me suis arrêté de boire. Petit à petit, j’ai alors pu économiser de l’argent et réparer ma maison ». Un handicap qu’il décrit alors comme une chance. Bien que quelques enfants sourds ou malentendants puissent aujourd’hui aller à l’école, ils se comptent toujours sur les doigts d’une main. L’accélération du développement de Bali et l’acculturation parfois ressentie sur l’île peut-être néfaste pour Bengkala. Les habitants redoublent alors d’efforts pour préserver leur histoire si unique, qui fait la beauté de cette communauté. D’après le texte d’Hardiman « Bali’s Silent Village », paru dans le magazine Latitudes (juillet 2001).