Le carex pour remplacer le plastique - Nomadays

Cambodge

Le carex pour remplacer le plastique

15 janv. 2020

La pollution plastique est un sujet d'actualité de plus en plus bouillant au Cambodge. L'utilisation de cette matière est largement démocratisée à toutes les strates de la population et pose d'énormes problèmes écologiques et sanitaires dans les villes comme en campagne. De nombreux paysages, canaux, ou encore banlieues d'agglomérations sont aujourd'hui gangrénés par divers déchets plastiques multicolores. De nouvelles mentalités et innovations pointent cependant le bout de leur nez en vue de réduire cette pollution aggravée.

Selon une étude réalisée en 2016 par l'ONG italienne ACRA, les Phnompenhois consommaient il y a 4 ans plus de 10 millions de sacs plastiques par jour, soit 10 fois plus que dans l'Union Européenne ou en Chine. Chaque habitant de la capitale se sert de plus de 5 sacs en plastiques quotidiennement soit 2000 par an. Un chiffre malheureux, qui a certainement évolué quelque peu depuis, mais qui témoigne cependant de l'omniprésence de cette matière synthétique dans la vie quotidienne au royaume.

Une prise de conscience rassurante

Dans ce marasme écologique se distinguent néanmoins des initiatives responsables pour changer les choses. À Phnom Penh par exemple, le "Trashtag challenge", un défi international lancé sur les réseaux sociaux, avait permis, il y a un an, la création d'un groupe d'adolescents et de jeunes adultes qui se sont donné pour mission de retirer tous les déchets de la surface du canal de Boeung Trabek traversant la capitale. Petit à petit, et malgré le fait de retrouver souvent chaque matin le canal dans le même état que la veille avant de l'avoir nettoyé, ces Cambodgiens ont notamment réussi à finalement assainir le cours d'eau mais également à diffuser une prise de conscience aux différents quartiers voisins. Les habitants ont perdu cette manie d'y jeter la totalité de leurs ordures, contenant évidemment une majorité de plastique.

Bien que cela n'est pas suffisant pour réduire drastiquement la consommation de plastiques, la seule prise de conscience d'une jeune génération, qui représente par ailleurs la majorité de la population cambodgienne actuelle, couplée, pour certains, au sentiment d'une mission à accomplir, représentent néanmoins une évolution certaine des mentalités.

Le carex prend le pas sur le plastique

Au-delà de l'individu, des groupes professionnels, touristiques et culinaires notamment, lancent de plus en plus d'initiatives allant dans ce sens. Prenez l'exemple de la paille en plastique. Ce petit "tuyau", traduction littérale de paille en khmer, s'est totalement démocratisé au pays depuis de nombreuses années. Vous verrez des pailles partout ! Dans les verres en plastique tout d'abord contenant le café glacé, le jus de canne à sucre, les smoothies, la bière, le thé (chaud ou froid) ou d'autres boissons fraîches. Car au Cambodge la boisson doit être fraîche (à l'exception parfois du thé) ! La paille y a facilement trouvé sa place, car on peut penser que ces rafraîchissants, remplis à ras bord de glaçons de différentes tailles, sont plutôt difficiles à boire proprement dans ce type de verre sans paille... Le don de celle-ci est quasi automatique chez tous les commerçants de rue, les street food, les restaurants, et même les supérettes... Et oui beaucoup de personnes au Cambodge consomment également leurs canettes avec une paille. Elle est omniprésente.

   

L'entreprise cambodgienne Organic Lifestyle s'est lancée depuis seulement 3 mois dans la recherche de solutions pour réduire l'usage notamment des pailles en plastique. Le but n'est pas de changer les mentalités quant à l'utilisation de ce produit de tous les jours, mais bien de trouver un matériau de substitution. C'est pourquoi ils importent et fournissent déjà, à travers le pays, à des centaines de particuliers mais également restaurants ou enseignes commerciales des pailles en carex, un végétal proche de la citronnelle. Le carex est utilisé en France pour consolider par exemple l'empaillage des chaises. Il fait partie d'une famille biologique (5e niveau de classification) différente de la citronnelle mais ces deux plantes sont pourtant très proches car appartiennent au même ordre (4e niveau de classification), à la même classe (3e niveau de classification) et à la même division biologiques (2e niveau de classification). "Ces pailles en carex ont été choisies pour leur neutralité gustative en bouche [contrairement à la citronnelle], assurant ainsi à nos client de conserver toute la saveur de nos boissons", explique Gabrielle Gabillat, responsable de la communication chez Thalias Hospitality. Le groupe, qui détient plusieurs restaurants à Phnom Penh et à Siem Reap, utilise depuis deux mois ces pailles eco-friendly dans chacune de ses enseignes. Pour une question d'hygiène, Gabrielle assure que les pailles en carex ne sont pas réutilisables.

   

Sovanarith, membre d'Organic Lifestyle, garantit que depuis qu'ils commercialisent cette paille en carex, de plus en plus de convaincus sur l'efficacité de cette solution alternative affluent. À Phnom Penh comme ailleurs ! "Certaines personnes viennent personnellement pour emporter ces pailles naturelles chez elles à la campagne, là où l'offre n'est pas encore présente." L'idée de reconnaissance du risque environnemental inhérent au plastique se ressent dans ces exemples et commence à se former dans les très diverses mentalités qu'on peut trouver au Cambodge. De quoi avoir une lueur d'espoir.