Nichée dans le sud-est de la Bulgarie, la région de Strandzha (ou Strandja) est une terre de contrastes, marquée par des paysages naturels exceptionnels, une histoire riche et une culture unique. Cette zone montagneuse et boisée, bordant la mer Noire, est l’un des territoires préservés du tourisme de masse. Entre ses forêts profondes, ses villages pittoresques, ses traditions vivantes et sa biodiversité incroyable, Strandzha est un véritable trésor caché à découvrir.
Strandzha est une région au passé millénaire, marquée par les traces de nombreuses civilisations. Les premières occupations humaines remontent au Néolithique et à l’Âge du cuivre et de la pierre (6000-3000 av. J.-C.), comme en témoignent des découvertes archéologiques. Cependant, d’autres indices suggèrent une présence humaine datant de 100000 ans. À travers les âges, la région a porté plusieurs noms, tels que Tratonzos, Salmydessos (la côte de Strandzha), Mons Astikus, Hemimont ou encore Paroria. Tandis que la côte est relativement bien documentée, l’intérieur reste plus mystérieux.
Les Thraces, premiers habitants historiquement attestés, s’établirent dans la région dès les Ier et IIe millénaires av. J.-C. Plusieurs tribus thraces, notamment les Nipsaei, les Melanophagi, les Scyrmiadae, les Thynes et les Astae, y vécurent avant d’être progressivement soumises à la pression romaine. En 46 apr. J.-C., Strandzha fut annexée par Rome et devint une province prospère grâce à ses mines. Par la suite, la région connut une succession d’invasions, d’abord slaves au VIe et VIIe siècles, puis ottomanes en 1369, après quoi elle fit partie de l’Empire ottoman jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Au XIVe siècle, un monastère fut fondé sous le règne du tsar bulgare Ivan Alexandre, attirant diverses populations. Cependant, la région subit des vagues d’émigration sous l’Empire ottoman. La Bulgarie obtint son indépendance en 1878, mais Strandzha resta sous domination ottomane jusqu’à la Première Guerre balkanique (octobre 1912 à mai 1913), qui la rattacha enfin au pays.
Par ailleurs, Strandzha conserve une riche concentration de vestiges archéologiques, notamment des sanctuaires thraces et des sites antiques. Elle fut également un centre commercial et industriel grâce à ses ports et à la route Via Pontica reliant Constantinople et à la Scythie mineure. La région joua un rôle dans la résistance bulgare, notamment en 1903 lors du soulèvement de Preobrazhenie contre l’Empire ottoman.
En outre, au XXe siècle, le traité de Neuilly (1919) et le traité de Lausanne (1923) marquèrent un redécoupage des frontières, confirmant le partage du massif de Strandzha entre la Bulgarie et la Turquie. Après la Seconde Guerre mondiale, la région se vida peu à peu en raison de l’exode rural et de sa situation stratégique en tant que frontière entre la Bulgarie communiste et la Turquie. Entre 1990 et 2014, certains habitants tentèrent de revenir, mais les restrictions migratoires limitèrent l’interaction avec la Turquie.
La région de Strandzha, qui s’étend sur environ 10000 km2 entre la Bulgarie et la Turquie (jusqu’à Istanbul), est une terre de contrastes mêlant nature sauvage, traditions séculaires et vestiges historiques. Elle est tout d’abord caractérisée par la montagne de Strandzha, une chaîne montagneuse préhistorique formée il y a à peu près 300 millions d’années. Avec un relief doux, elle est aussi dominée par des collines et des vallées verdoyantes, elle est traversée par de nombreuses rivières qui façonnent son paysage unique. Le point culminant du massif de Strandzha dans sa partie bulgare est le sommet du Golyamo Gradishte (ou Gradishtéto), atteignant 710 mètres d’altitude.
Se trouvant approximativement à 75 km de Bourgas (Burgas), le parc naturel de Strandzha est l’une des zones caractéristiques de la montagne éponyme. Ce parc est la plus vaste zone protégée de Bulgarie, couvrant 1167 km2, soit environ 1 % du territoire national. Il s’étend sur 50 km de long (d’ouest en est) et 25 km de large (du nord au sud). Fondé le 25 janvier 1995, le parc a pour vocation de préserver un patrimoine naturel et culturel exceptionnel. Sa section ouest est marquée par une vaste zone karstique. Elle se distingue par des massifs rocheux aux reliefs escarpés, ponctués de nombreuses failles et cavités profondes, dont une grande partie reste encore inexplorée.
Le parc naturel de Strandzha abrite cinq réserves naturelles, à savoir :
En plus de ces réserves, on y trouve 14 sites protégés et 8 sites naturels. Le parc est traversé par plusieurs rivières, dont les principales sont la Véléka et la Rézovska (ou Rezvaya), cette dernière marquant la frontière avec la Turquie.
Les montagnes de Strandzha abritent une flore et une faune uniques en Europe. La région, couverte par les forêts à feuilles caduques d’Euxine-Colchic, est un véritable sanctuaire naturel où 50 % de la flore bulgare peut être observée. La région abrite 64 espèces reliques, vestiges des périodes géologiques passées, dont sept ne se trouvent nulle part ailleurs en Europe. La végétation de Strandzha est aussi dominée par des forêts de chênes, d’hêtres et des prairies xérothermiques qui se sont développées le long de la côte et dans certaines zones de l’ouest du parc. Par ailleurs, ce dernier compte environ 1670 espèces de plantes vasculaires, représentant 44 % de la flore de Bulgarie. Parmi les espèces emblématiques, on trouve le rhododendron pontique, une plante relictuelle unique de cette région.
En outre, le parc naturel de Strandzha héberge plus de 600 espèces d’invertébrés, 413 espèces de vertébrés. On y observe plus de 10 espèces d’amphibiens et 20 espèces de reptiles. Parmi les espèces de mammifères présents, on peut citer le sanglier sauvage, le cerf élaphe, le chevreuil, etc. Les eaux côtières du parc abritent plus de 70 espèces de poissons marins et 42 espèces d’eau douce.
Ce riche écosystème est traversé par la Via Pontica, l’une des principales routes migratoires des oiseaux en Europe. Plus de 270 espèces d’oiseaux y ont été observées, dont des espèces d’importance européenne comme la cigogne blanche, la cigogne noire et l’aigle pomarin.
La région bulgare de Strandzha est réputée pour son architecture traditionnelle. Les villages environnants sont le berceau d’un mode de vie rural authentique et préservé, où les habitants perpétuent des coutumes séculaires. On peut admirer cette culture unique à Brashlyan, Malko Tarnovo est dans de nombreuses autres localités, ainsi que leur folklore vivant et leurs pratiques spécifiques, dont le nestinarstvo. Ce dernier est une ancienne danse païenne où les participants dansent pieds nus sur des braises ardentes. Dans le village de Balgari, cette danse a lieu chaque année le 21 mai, à l’occasion de la fête des saints Constantin et Hélène. À Kosti, les danses se déroulent le jour d’Elie (20 juillet, et à Brodilovo, elles ont lieu le 27 juillet, jour de la fête de Saint Pantaléon. Ce rituel a d’ailleurs été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Pour se rendre à Strandzha en voiture, vous pouvez partir de Bourgas en suivant la route qui mène à Tzarévo, puis prendre la direction de Malko Tarnovo. Une autre option consiste à emprunter la route passant par le village de Zvezdetz.
Il est aussi possible de rejoindre Strandzha en bus, grâce à de nombreuses lignes qui desservent la côte de la mer Noir, que ce soit par des transports communaux ou privés. Tout au long de votre parcours dans le parc, vous trouverez des panneaux d’information indiquant les sites à visiter.
Par ailleurs, vous pouvez également prendre la route européenne E87, qui relie la Turquie à Bourgas, en passant par le poste-frontière de Dereköy/Malko Tarnovo. Les routes nationales 9 et 99 sont les principales voies d’accès, la route 9 reliant Bourgas au poste-frontière, tandis que la route 99 traverse le parc de Strandzha et mène à la mer à Tsarevo.
Les villages pittoresques de la région de Strandhza offrent une immersion totale dans la vie rurale bulgare, notamment :
Les visiteurs peuvent également découvrir les nombreux sites archéologiques de la région tels que :
En outre, la frontière est de Strandzha dévoile des vues exceptionnelles accessibles à pied. Cette côte tranquille abrite des plages peu fréquentées, des formations rocheuses et des paysages marins saisissants.
La région, et particulièrement le parc naturel de Strandzha, dispose de plusieurs sentiers de randonnées variés et accessibles permettant de découvrir des paysages splendides, des forêts anciennes et des panoramas spectaculaires.
Parmi les parcours les plus appréciés, on peut mentionner :