Le monastère Sveti Ivan Rilski - Nomadays

Bulgarie

Le monastère Sveti Ivan Rilski

Niché au cœur des majestueuses montagnes de Rila, le monastère Sveti Ivan Rilski, plus connu sous le nom de monastère de Rila, est l’un des trésors les plus précieux de la Bulgarie. Étant le plus grand et plus célèbre monastère orthodoxe du pays, il incarne à la fois un haut lieu spirituel, un joyau architectural et un centre culturel d’exception. Ce monastère fascine également par la richesse de son art, la beauté de son architecture et l’atmosphère paisible qui s’en dégage. Si vous êtes amateur d’histoire, d’art ou simplement curieux, le monastère Sveti Ivan Rilski a de quoi vous impressionner.

Emplacement

Situé dans le sud-ouest de la Bulgarie et niché dans la profonde vallée de la rivière Rilska, le monastère Sveti Ivan Rilski s’élève à 1147 mètres d’altitude. À seulement 117 km au sud de Sofia et à 17 km de la ville de Rila, il occupe une superficie totale d’environ 8800 m2. Fondé par l’ermite Saint Ivan de Rila (876-946), dont il porte le nom, ce monastère abrite aujourd’hui une communauté d’une soixantaine de moines.

La région autour du monastère est un véritable paradis pour les amoureux de la nature. Le parc national de Rila, dans lequel le complexe se trouve, abrite une flore et une faune variées. Il est aussi un lieu prisé pour les randonnées et l’observation des animaux. Le monastère Sveti Ivan Rilski, avec son environnement naturel exceptionnel a une dimension spirituelle unique, où la nature et la foi se rencontrent harmonieusement.

Histoire

Le fondateur du monastère, Saint Ivan de Rila, est considéré comme le saint le plus vénéré de Bulgarie. Il vécut en ermite dans une grotte isolée, sans biens matériels, non loin de l’emplacement actuel du monument. Sa renommée grandissant, des disciples vinrent le rejoindre afin de former une première communauté monastique.

Le monastère fut initialement fondé vers l’an 930 sur un site appelé Bélité Kilii (les Cellules Blanches), à environ 4 km de sa localisation actuelle. Ce n’est qu’en 1335 que le seigneur féodal Stéfan Dragolov, surnommé Khrélyo, entreprit la construction d’un véritable complexe monastique. Ce dernier était constitué d’une église, d’habitations pour les moines et une tour défensive.

Dès sa fondation, le monastère bénéficia du soutien des souverains bulgares. Le tsar Pierre Ier (927-968) fut l’un des premiers à lui accorder sa protection. Plusieurs siècles plus tard, les rois Ivan Alexandre et Ivan Chichman continuèrent à lui témoigner une bienveillance particulière en lui offrant de généreux dons. Un document officiel attestant d’un don accordé par Ivan Chichman en 1378 est d’ailleurs toujours conservé dans les archives du monastère.

Cependant, la fin du XIVe siècle marque un tournant dramatique avec l’arrivée des Ottomans. Le monastère fut plusieurs fois pillé et détruit. Trois frères originaires de la région de Dupnica, Ioasaf, David et Téofan, entreprirent sa reconstruction en 1460. Grâce à leurs efforts et au soutien de la sultane Mara Branković, de l’Église orthodoxe russe et du monastère Rossikon du mont Athos, ils réussirent à obtenir le transfert des reliques de Saint Ivan de Rila de Veliko Tarnovo vers le monastère en 1469. Ces restes, précieusement conservés dans le monument, sont parfois exposés sous un sarcophage de verre lors des grandes célébrations chrétiennes, notamment à Pâques.

Durant l’occupation ottomane, le monastère de Rila continua de jouer un rôle fondamental dans la préservation de l’identité culturelle et spirituelle bulgare. Malgré les attaques répétées des bandes armées aux XVIIe et XVIIIe siècles, il bénéficia de la protection des tsars russes et des voïvodes moldaves. Le complexe abritait également une école où de nombreux moines perpétuaient la langue et les traditions orthodoxes.

En 1833, un incendie ravagea une grande partie du monastère, marquant ainsi l’un des épisodes les plus sombres de son histoire. Sa reconstruction, qui s’étendit de 1834 à 1862 sous la direction de l’architecte Alexi Rilets, permit non seulement de restaurer les bâtiments détruits et d’ajouter un clocher à la Tour Hrejia (1844) mais aussi de donner au monument l’aspect que l’on peut voir aujourd’hui.

Architecture

Le monastère Sveti Ivan Rilski forme un complexe rectangulaire centrée autour d’une vaste cour intérieure de 3200 m2. L’ensemble avec ses murs et ses fenêtres étroites, évoque davantage une forteresse qu’un monastère.

Un ensemble architectural impressionnant

Dans la cour intérieure du complexe religieux se dressent l’église principale, Notre-Dame de l’Assomption, et la tour de Khrélyo. Érigée entre 1834 et 1837 par l’architecte Pavel Ioanov, l’église est dotée de cinq dômes (coupoles), de trois autels et de deux chapelles latérales. Son intérieur est orné d’une iconostase en bois doré, sculptée avec minutie sur cinq ans par quatre artisans renommés.

Les fresques murales, réalisées entre 1840 et 1848, sont l’œuvre de peintres célèbres, notamment les frères Zahari et Dimitar Zograf. On peut également voir un reliquaire en argent conservant la main momifiée de Saint Ivan Rilski.

En outre, le statut administratif unique du monastère en tant que lieu habité confère également des infrastructures rares pour un monument de ce type, comme un bureau de poste et un poste de police. 

Une partie résidentielle structurée

Le monastère est divisé en quatre sections alignées avec les points cardinaux. Sa partie résidentielle, construite entre 1817 et 1819 puis reconstruite après l’incendie, comprend :

  • 300 cellules de moine
  • 4 chapelles
  • La chambre de l’abbé
  • Une cuisine réputée pour ses récipients de grande taille.

En outre, il est important de noter que certaines pièces portent le nom des villes qui ont contribué à la reconstruction du monastère, notamment Samakov et Tchirpan.

Centre culturel et historique

Outre sa fonction religieuse, le monastère de Rila ou Sveti Ivan Rilski a aussi joué un rôle de premier plan dans la préservation du patrimoine culturel bulgare. Il abrite une bibliothèque richement fournie avec environ :

  • 116000 livres dont 16000 manuscrits médiévaux et en glagolitique (bulgare ancien)
  • 35000 objets liturgiques, d’icônes précieuses, des sculptures en bois, d’articles d’usage quotidien, etc.

En outre, ayant été reconnu comme l’un des joyaux architecturaux du Réveil national bulgare, ce monastère a été classé monument historique national en 1976. Par la suite, il a été ajouté à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1983. Depuis 1991, il est placé sous l’autorité exclusive du Saint-Synode de l’Église orthodoxe bulgare.

Comment s’y rendre ?

Situé au cœur du massif de Rila, le monastère Sveti Ivan Rilski est accessible par différents moyens de transport. Voici les options disponibles :

En voiture

Le moyen le plus pratique pour se rendre au monastère est de prendre la route en voiture. Depuis Sofia, il faut compter environ 2 heures et demie pour parcourir les 120 km qui séparent la capitale de cette destination. Vous devez emprunter l’autoroute E79 en direction du sud. Après une centaine de kilomètres, quittez l’autoroute et prenez la route 107, qui serpente à travers les montagnes avant d’atteindre le monastère.

Par ailleurs, il faut noter qu’il existe deux parkings à proximité du monastère :

  • Un parking payant juste devant l’entrée
  • Un plus grand parking en gravier, situé en hauteur. De là, il faut marcher environ 15 minutes pour atteindre le site.

Pour ceux qui souhaitent éviter les frais de stationnement, il est possible de se garer plus bas le long de la route et de marcher un peu plus.

En bus

Si vous ne souhaitez pas conduire, un bus quotidien relie Sofia au monastère Sveti Ivan Rilski. Le départ de Sofia est en général vers 10h20 depuis la gare routière « Ovtcha Kupel » et le retour pour la capitale est à 15h depuis le monastère. Le trajet dure environ 2h30 à 3h selon la circulation. Le bus dépose les passagers à quelques minutes de marche de l’entrée. Toutefois, prendre un bus est une option offrant moins de flexibilité, car un seul aller-retour est assuré chaque jour.

Attractions

Le monastère Sveti Ivan Rilski regorge de nombreuses attractions. Voici les incontournables à ne pas manquer lors d’une visite :

Le musée

Le monastère Sveti Ivan Rilski abrite également un musée où sont exposés de nombreux objets liturgiques et ethnographiques. La pièce maîtresse et la célèbre Croix de Raphaël ou Rafail (entre 1790 et 1802), un œuvre d’exception sculptée dans un unique morceau de bois. Cette croix, représentant 104 scènes bibliques et 650 personnages, a demandé plus de 12 ans de travail à son créateur, qui perdit la vue avant de l’achever.

La tour de Khrélyo (Krélyo)

Seul vestige de la construction d’origine, cette tour défensive carrée, érigée en 1335, abrite à son dernier étage un petit cloître avec deux pièces en coupole. En 1944, des fresques médiévales dissimulées sous un enduit y ont été découvertes, puis entièrement restaurées en 1970.

La grotte d’Ivan Rislki

Située à environ une heure de marche du monastère, la grotte d’Ivan Rilski est un lieu de pèlerinage où le saint a passé les vingt dernières années de sa vie. Malgré son intérieur sombre et exigu, elle abrite une fissure rocheuse connue sous le nom de « trou miracle ». Depuis des siècles, les visiteurs s’y engouffrent dans l’espoir de ressortir sur la colline au-dessus, perpétuant une tradition spirituelle ancestrale.

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