La Rotonde Saint-Georges - Nomadays

Bulgarie

La Rotonde Saint-Georges

La Rotonde Saint-Georges est le monument le plus ancien et le mieux conservé de Sofia, la capitale de la Bulgarie. Nichée au cœur de la Vieille Ville, elle représente un précieux témoin de l’histoire du pays à travers les âges. Cette église paléochrétienne, non seulement en raison de son architecture remarquable mais aussi de son histoire riche, attire de nombreux visiteurs venus découvrir ses mystères.

Emplacement

La Rotonde Saint-Georges occupe une place centrale dans le patrimoine historique de la ville de Sofia. Elle se trouve à l’arrière du Sofia Hotel Balkan, dans la cour intérieure du palais présidentiel bulgare. Ce site emblématique est entouré de vestiges archéologiques de l’ancienne Serdica (Serdika), notamment des ruines de rues romaines et de bâtiments publics comme un odeon. La Rotonde s'inscrit ainsi dans un riche ensemble archéologique, offrant aux visiteurs une immersion exceptionnelle dans le passé antique de la région.

Histoire

La Rotonde Saint-Georges n’a pas seulement traversé les époques, mais elle reflète également la diversité religieuse et culturelle des Balkans. Selon certaines sources, elle a été construite au début du IVe siècle sous le règne de l’empereur Constantin le Grand (306-337), durant l’essor de Serdica (ancien nom de Sofia). D’après certaines recherches, il est probable que cet endroit ait accueilli certaines des réunions du Conseil de Serdica en 343. 

À l’origine, ce monument public était probablement utilisé comme temple païen ou mausolée. Cependant, avec l’essor du christianisme, il a d’abord été un lieu de baptême (baptistère) avant d’être transformé en église chrétienne, sous le règne de Justinien le Grand (527-565). La Rotonde devint ensuite une mosquée ottomane nommée Gyul Dzhamasi, sous le règne du sultan Selim Ier (1512-1520). Les Ottomans cessèrent d’utiliser le bâtiment vers le milieu du XIXe siècle. Peu de temps après, il retrouva sa fonction initiale en redevenant une église chrétienne.

Après la libération de la Bulgarie en 1878, la Rotonde a connu plusieurs usages, notamment comme mausolée, avant d’être restaurée à partir de 1915 pour retrouver sa fonction d’église chrétienne. Aujourd’hui, elle se dresse fièrement comme un témoin de l’histoire complexe de Sofia, entourée des vestiges de l’ancienne Serdica et ornée de fresques médiévales.

Architecture

La Rotonde de Saint-Georges a été construite en briques rouges sous l’Empire romain. Cet édifice en forme de dôme cylindrique repose sur une base carrée. Son intérieur symétrique est organisé autour d’un axe est-ouest, correspondant à l’ancien réseau de rues rectangulaires romaines. Son architecture byzantine, caractérisée par des proportions harmonieuses et des matériaux typiques de l’époque. Au centre, la pièce circulaire (la Rotonde) présente une coupole centrale de 14 mètres de hauteur et un diamètre de 9,5 mètres, éclairée par 8 fenêtres rétrécies au fil des siècles, avec des niches semi-circulaires dans les coins.

Par ailleurs, l’intérieur de la Rotonde offre une immersion unique dans l’art pictural chrétien oriental. Les murs dévoilent 5 couches de fresques datant du VIe siècle au XIVe siècle. C’est à l’époque de Justinien le Grand que les premières fresques murales ont été réalisées, témoignant de l’importance spirituelle et artistique du lieu. Toutefois, au fil des siècles, le bâtiment a subi les ravages des invasions des Goths (à la fin du IVe siècle) et des Huns (au Ve siècle), des tremblements (celui de 518 par exemple) de terre, et des transformations culturelles.

Parmi les fresques les plus remarquables figurent des images d’anges (Xe siècle), ainsi qu’une frise de 22 prophètes mesurant plus de 2 mètres de haut (XIe et XIIe sièclesà. Sous l’Empire ottoman, les peintures chrétiennes ont été recouvertes de plâtre et remplacées par des motifs floraux. Des siècles plus tard, les fresques ont été redécouvertes et restaurées au XXe siècle.

L’église Saint-Georges

L’église Saint-Georges se trouve à plusieurs mètres sous le niveau du sol et continue d’attirer de nombreux touristes, pèlerins et passionnés d’histoire. En plus de son rôle spirituel, elle est également un lieu de recueillement et de prière, accueillant des cérémonies religieuses, notamment lors des grandes fêtes chrétiennes. Bien que le culte quotidien y soit moins fréquent qu’autrefois, son importance demeure intacte. Par ailleurs, cette église accueille également des événements tels que des concerts classiques et orthodoxes. Des cérémonies militaires y ont parfois lieu, ainsi que des expositions retraçant l’histoire de la ville.

En outre, il faut noter qu’au fil des siècles, l’église a été un lieu de préservation de reliques sacrées. Elle a un temps abrité les reliques de Saint Jean de Rila (vers 876-946), auxquelles on attribue des propriétés miraculeuses, notamment la guérison légendaire de l’empereur Manuel Ier Comnène (1143-1180). Ces ossements ont connu un parcours mouvementé, passant par Esztergom (ville en Hongrie) avant d’être restituées. Par ailleurs, en 1460, les reliques du roi serbe Stefan Uroš II Milutin (1282-1321) y ont aussi été déposées, renforçant le rôle de l’église en tant que gardienne d’un patrimoine religieux et historique inestimable. 

Symbolisme religieux

La Rotonde Saint-Georges a été dédiée à Saint-Georges, un martyr chrétien très vénéré dans la tradition orthodoxe. Celui-ci est d’ailleurs souvent représenté en train de terrasser un dragon. Le choix de ce saint est significatif dans le contexte historique de l’époque. En effet, Saint-Georges était un symbole de courage et de foi, des qualités particulièrement importantes pour la communauté chrétienne sous la domination romaine, puis byzantine.

Restauration de la Rotonde

La première grande restauration a eu lieu au début du XXe siècle, grâce à l’initiative des autorités bulgares qui ont reconnu la valeur historique et culturelle de la Rotonde Saint-Georges. Des travaux de consolidation ont permis de protéger les fresques et de stabiliser la structure du bâtiment. Par la suite, le monument a été ouvert au public. Aujourd’hui, la Rotonde est protégée en tant qu’édifice culturel de premier ordre. Il s’agit d’un lieu de visite incontournable pour ceux qui s’intéresse à l’histoire de Sofia, ainsi qu’à l’histoire religieuse de Bulgarie.

Recherches archéologiques

Les premières recherches archéologiques sur la Rotonde Saint-Georges ont été menées par le professeur Bogdan Filov, historien et archéologue bulgare de renom, dans les premières décennies du XXe siècle. En 1933, il publia ses conclusions, affirmant que la Rotonde faisait partie d’anciens thermes romains. Cependant, cette hypothèse reposait sur des fouilles partielles et s’avéra inexacte. Filov avait supposé que les niches découvertes abritaient de petites piscines, encore visibles aujourd’hui. Toutefois, des études plus approfondies réalisées en 1939-1940 ont démontré l’absence d’éléments indispensables à des thermes romains.

Par ailleurs, la véritable fonction de ces niches reste une énigme. Selon certaines sources turques anciennes, un « puit miraculeux » situé à l’est de la rotonde aurait existé, peut-être lié à un usage rituel. Une autre hypothèse suggère que le monument était aussi dédié à d’autres martyrs chrétiens, et que les niches (ou piscines) servaient au lavage rituel de reliques sacrées.

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