Au Bhoutan, les phallus protègent des mauvais esprits - Nomadays

Bhoutan

Au Bhoutan, les phallus protègent des mauvais esprits

25 mai 2020

Majestueux royaume d’Asie, le Bhoutan attire pour ses montagnes géantes et sans fin, ses jolis monastères, sa terre de treks, son calme absolu entrecoupé seulement de sons de cloches et d’animaux, son peuple généreux... C’est souvent cette image qu’on se fait avant son voyage au Bhoutan, mais peu sont les touristes qui s’attendent à y voir des phallus en érection peints sur un grand nombre de maisons. Il ne s’agit pas du tout de l’oeuvre d’adolescents rebelles, mais d’une tradition ancestrale toujours pratiquée de nos jours, bien que de plus en plus controversée. On vous explique cet étonnant culte du phallus au Bhoutan :

Drukpa Kunley, le moine à l’origine du culte

Même s’il existait des symboles phalliques avant l’introduction du bouddhisme au Bouthan, le culte actuel serait l’héritage d’un moine tibétain, Drukpa Kunley, arrivé au Bhoutan au XVième siècle. Un peu rebelle et contre le système et la hiérarchie, Drukpa Kunley était un coureur de jupon : d’après certaines versions de sa biographie, il aurait couché avec plus de 5000 femmes ! On l’appelle le « fou divin » (Mad Saint) et ce n’est pas pour rien... Ce moine aurait même remplacé de l’eau sainte par son urine lors de cérémonies religieuses.

Si Drukpa Kunley est toujours apprécié, c’est parce qu’il représente une pratique hétérodoxe du bouddhisme, montrant que le bouddhisme est accessible à tous. Dans tous les cas, le phallus est depuis devenu un symbole important dans le pays.

   

Les phallus, protecteurs des maisons

Au Bhoutan, le phallus est avant tout un symbole sacré sensé protéger contre les mauvais esprits et le mauvais oeil. On le retrouve un peu partout sur les maisons. Il empêcherait l’entrée des démons dans la demeure.

Ce culte est toujours pratiqué aujourd’hui, et lorsqu’on fait construire une maison, on invite généralement des spécialistes pour y faire accrocher des phallus en bois aux quatre coins du toit ou en peindre autour de la porte. Cela dit, la pratique est de plus en plus controversée, surtout dans les villes. Généralement, les citadins préfèrent, au besoin, faire pendre quelques phallus en bois au toit plutôt que d’en afficher de grands sur les façades des maisons.  Les lieux de culte sont généralement exemptés de ce symbole un peu provocateur.

Le phallus peint est parfois entouré d’un dragon, alors que les petites statuettes en bois sont pendues avec un poignard. Les couleurs ont aussi leur signification. Traditionnellement, on en utilise cinq : le blanc représente la paix et la pureté, le rouge la richesse et le pouvoir, le jaune la prospérité, le bleu la sagesse et le vert la protection.

En plus de servir d’ornement dans les maisons, le phallus se retrouve parfois dans les musées, dans les places publiques, ou tout simplement dans la vie quotidienne. Par exemple, avant de servir des boissons aux invités, certaines communautés trempent un phallus en bois dans le verre ou la tasse.

   

Un monastère pour la fertilité

Près de l’ancienne capitale du Bhoutan, Punakha, un monastère dédié au Lama Drukpa Kunley reste un important lieu de pèlerinage. Le monastère Chime Ihakhang attire des nombreuses femmes chaque année, aussi bien locales qu’étrangères, dans l’espoir que cette visite leur apportera un enfant. En effet, si le monastère en lui-même est sobre et pas des plus exceptionnels, il est réputé pour offrir la fertilité aux pèlerins. Après en avoir fait le tour, un moine bénit les femmes en leur posant un phallus en bois sur la tête.