La vie sur l’eau des toffins dans la cité lacustre de Ganvié au Bénin - Nomadays

Bénin

La vie sur l’eau des toffins dans la cité lacustre de Ganvié au Bénin

11 déc. 2019

Entièrement construite sur le lac Nokoué, la cité de Ganvié est un village lacustre situé à 25 km de Cotonou, la capitale du Bénin. Celle que l’on surnomme la Venise africaine est habitée par un peuple de l’ethnie des Tofinus, traduit par les hommes de l’eau. Ici, vous ne trouverez ni route, ni trottoir mais des maisons sur pilotis et de nombreuses pirogues, l’unique moyen de transport local. Découverte de cette ville hors du commun…

Entre histoires et légendes

La cité de Ganvié n’a pas toujours été habitée. C’est dans les années 1700 que des hommes y ont trouvé refuge. Ce sont, plus exactement les tofinus (ou toffins), originaires du Togo et de Tado au sud du Bénin, connus sous le nom des « les hommes de l’eau ». S’ils sont arrivés à Ganvié, c’est pour fuir les guerres tribales des rois d’Abomey qui étaient alors en quête d’esclaves. Et c’est justement grâce à ce milieu inhospitalier que cette ethnie s’en est sortie…

L’origine de la cité de Ganvié se raconte aussi à travers la légende du crocodile. En effet, les premiers habitants ont d’abord consulté l’oracle avant de s’installer, ce dernier aurait alors prédit un avenir sur l’eau et non sur terre. Selon les croyances de la religion ancestrale du Vodoun, le roi Agbogdobé se serait transformé en épervier pour explorer l’eau de ce lac puis serait revenu métamorphosé en crocodile pour pouvoir transporter son peuple, dans ce qui deviendra le village lacustre de Ganvié. Aujourd’hui encore, le crocodile reste un animal sacré à Ganvié !

Les hommes de l’eau

   

Vous l’avez compris, les tofinus ont apprivoisé le lac pour survivre. Ils vivent ainsi principalement de la pêche et ont développé une technique unique en son genre : la pêche en acadjas. Il s’agit de pièges à poissons, réalisés à partir de branchages. Ces derniers forment de véritables refuges pour les poissons du lac qui viennent s’y nourrir et s’y reproduire. Après cela, il ne reste plus qu’aux pêcheurs qu’à encercler ces pièges à l’aide de filets et de ramasser les poissons. C’est comme ça que les tofinus ont pu augmenter leur productivité piscicole. Une technique de pêche rendue possible grâce à la typographie du lac qui ressemble davantage à celle d’un étang  au vu de sa faible profondeur.

Des conditions de vie difficiles

Avec une population qui augmente de plus en plus, un manque de perspectives professionnelles et des conditions de vie parfois difficiles, la cité de Ganvié subit plusieurs menaces. Alors que les crues risquent l’effondrement des maisons sur pilotis, l’abondance de la pêche et la présence de polluants entrainent la fragilisation de l’écosystème du lac. Sans parler de la faible quantité d’eau potable et du peu d’installations électriques… Les conditions de vie ne sont pas tous les jours faciles pour les habitants de Ganvié.

Vers de nouvelles perspectives…

Pour venir en aide à la population de Ganvié, le gouvernement béninois (en partenariat avec l’AFD) s’est engagé le 26 septembre 2019, dans un programme de préservation et de rénovation de la cité et ce, dans le cadre du programme d’actions du gouvernement (PAG). L’idée est simple : améliorer le cadre de vie des habitants, multiplier les revenues de la population et développer le tourisme. En pratique, le programme prévoit le curage du lac, la restauration de certaines habitations, la construction d’une route adaptée en cas de crues, la réhabilitation de l’embarcadère, du marché aux poissons et des espaces communautaires ou encore le raccordement aux réseaux publics d’eau et d’électricité… De quoi redonner espoir quant à l’avenir de cet incroyable village lacustre du Bénin

Florine Dergelet