Le Tata, un rempart chez les Somba - Nomadays

Bénin

Le Tata, un rempart chez les Somba

27 févr. 2020

Nous sommes à la frontière nord ouest entre le Bénin et le Togo. Bienvenue chez les Somba. Les Somba forment un ensemble de peuples établis dans la chaine de l’Atacora qui longe le nord ouest du Bénin et du Togo. Les Batammariba qui se trouvent à Boukoumbé côté Bénin côtoient les Tamberma se trouvant de l’autre côté du Togo. Les deux peuples sont de l’ethnie Somba, et vivent en harmonie en dépit des frontières tracées arbitrairement par le colonisateur. Ce qui attire chez les Sombas c’est le tata.

Quelle est l’origine des Somba ?

Les Batammariba et les Tamberma sont originaires du Burkina faso au XVIIeme siècle fuyant les guerres tribales et les razzias. Ils ont la même culture et se distinguent de part la forme architecturale de leur case qui force l’admiration. Les somba vivent dans les Tata. D’où les tata Somba.

Qu’est-ce qu’un tata et quelles sont ces caractéristiques ?

Le tata est un habitat traditionnel inspiré d’un baobab sacré ou se sont réfugiés les Somba quand ils sont arrivés au Bénin. Le baobab possède des creux et avait servi de cachette pour les premiers arrivant qui du haut de l’arbre pouvaient non seulement voir de loin l’ennemi mais également rester à l’abri des animaux sauvages.

Dés lors quand ils ont décidé de construire leurs cases, ils ont bâtis des Takienta qui constituent des forteresses imprenables. Il s’agit tout simplement des cases rondes majestueusement  construites sous forme des maisons à étage.

Ensuite le mot tata vient du diminutif Takienta qui désigne à l’origine une fortification.

Les Batammariba dont le nom signifie ceux qui « façonnent le sable » ou les « bâtisseurs » sont réputés pour la construction des maisons appelées tata.

Dés lors, un tata est une maison à étage disposant d’un rez-de-chaussée et d’un niveau supérieur. Au niveau supérieur on retrouve des greniers et des cases. Le tata comporte des cachettes avec des orifices dans les murs pour les attaques. En bas de l’étage, il y a un hall ou dorment les personnes âgées mais également les animaux domestiques comme les moutons et les chèvres et les bœufs.

Cette forme de construction possède des terrasses. Elles sont dallées et disposent généralement d’ouverture pour l’aération ainsi que des canaux pour l’évacuation de l’eau. Pour entrer dans le tata, il faut s’abaisser car il dispose souvent de petite entrée. Dehors il y a les fétiches protecteurs qui se retrouvent aussi à l’entrée du tata.

Les différentes formes de tata

Il existe plusieurs types de tata selon la localité.  

Le tata Natemba que l’on retrouve à Tayacou situé dans la commune de Tanguiéta.

Le tata Otammari disposant de trois chambres à l’étage et sept greniers au dessus.

Le tata Otchao ou des Bètchabé est une transformation du tata original Otammari. Ici, l’étage est dallé et l’échelle permet d’accéder à la petite terrasse. On le retrouve à Boukoumbé.

Le tata Ossori ou tata des Bèssoribé comprend une grande terrasse accessible avec une échelle. A l’étage on retrouve trois chambres et quatre greniers.

Le tata Berba, est le seul qui ne réponde pas aux caractéristiques de construction du tata Somba authentique. Il ne dispose pas d’étage. On y pose une échelle qui permet de franchir le mur d’enceinte de la cour intérieure autour de laquelle sont disposées neuf cases et deux greniers.

Au Togo, le tata Tamberma est classé patrimoine mondial de l’Unesco. L’essentiel est situé dans la région Koutammakou qui veut dire, « là ou on façonne le sable ». Le tata est solide et résiste au intempéries.

Quel avenir pour le tata ?

Avec l’évolution et le développement des villes, les jeunes épris de modernité ne sont plus trop favorables pour la construction des tata. Certes, il y a encore au nord du Togo comme au Bénin dans certaines localités des tata visibles.

Cependant cette forme de construction artisanale est aujourd’hui menacée de disparition.

Les gouvernements des deux pays respectifs, l’Unesco, les organisations internationales et mêmes les associations de groupements villageois travaillent inlassablement pour préserver ce joyaux qui pendant longtemps était considéré comme un rempart pour les somba.

Un voyage au Bénin ou au Togo sans visiter un tata vous donne un goût d’inachevé.