Les Chaoniens - Nomadays
Les Chaoniens

Le territoire de l’actuelle Albanie voyait succéder une multitude de peuples au cours de son histoire. Durant l’antiquité, sa région méridionale, ainsi qu’une partie du nord-ouest de l’actuelle Grèce, étaient occupées par les Chaoniens ou Chaones, l’une des nombreuses tribus de l’Épire. Leur frontière était limitée au sud par le royaume épirote des Molosses, au sud-ouest par le royaume épirote des Thesprotes, et au nord par l’Illyrie, dont les tribus sont considérées comme les ancêtres des Albanais.

Histoire

Les Chaoniens ont été mentionnés pour la première fois par Thucydide, un historien athénien né vers 460 av. J.-C. et mort entre 400 et 395 av. J.-C. Ce dernier  soulignait qu’ils étaient des barbares qui ont adopté des coutumes et des traditions grecques. Le géographe grec Strabon (né autour de 60 av. J.-C. et mort autour de 20 ap. J.-C) indiquait quant à lui, que les Chaoniens, avec les Molosses, étaient les plus influents des 14 tribus de l’Épire.

Vers 325/320 av. J.-C., la tribu ont intégré la Ligue épirote, consolidant leur territoire avec ceux des autres Épirotes dans un État fédéral qui devenait plus tard une grande puissance régionale. L’alliance a perduré jusqu'à ce que les Romains conquièrent l'Épire en 170 av. J.-C.

Le territoire des Chaoniens

La partie nord-ouest de l’Épire, sous domination des Chaoniens, était connue sous le nom de Chaonie dans les anciennes sources écrites. Selon Strabon, elle était jalonnée au nord par les monts Cérauniens et au sud par le fleuve Thiamis. La capitale et la principale ville de la Chaonie était Phénice. Le territoire s’ouvrait sur la mer, avec Bouthroton (l’actuelle Butrint) comme principal port. Onchesmos (l'actuelle Saranda) aurait également été un port très important.

Située aux confins du monde grec, la Chaonie était loin d’être une région paisible. En outre, la zone frontalière qu’elle partageait avec l’Illyrie a été durant des siècles l’objet d’une dispute avec les Illyriens. Pseudo-Scylax, un auteur grec de l’Antiquité (IVᵉ ou du IIIᵉ siècle av. J.-C), mentionnait que la cité grecque d'Oricum, située sur le territoire illyrien et au pied des monts Cérauniens, marquait la frontière la plus septentrionale de la Chaonia (et donc de l'Épire). Lorsque Ptolémée a réalisé une description de la région, il a indiqué toutefois que cette cité était occupée par les Chaoniens.

La langue

Les historiens s’accordent à dire que les Chaoniens était hellénophone. Ils parlaient le dialecte dorique, l'un des quatre principaux dialectes de la langue grecque ancienne. Cela est attesté par des preuves épigraphiques découvertes dans la région. Par ailleurs, selon Hammon, leur intégration dans la Ligue épirote est une preuve significative que ce peuple se communiquait en grec.

La structure politique

Les Chaoniens formaient un État tribal au Ve siècle avant J.-C . Ils ne se cantonnaient pas dans une polis (cité-Etat), mais occupaient plusieurs villages. Thucydide affirmait que leurs dirigeants étaient élus chaque année. Ces derniers étaient désignés sous le terme prostates (grec : Προστάτης, " chef ") au IVe avant J.-C., comme dans la plupart des États tribaux grecs de l’époque.

La religion

A l’instar de tous les peuples épirotes, les Chaoniens fréquentaient le sanctuaire de Dodone, un immense sanctuaire dédié à Zeus et à Dioné. Ils adoraient aussi d’autres divinités grecques, entre autres, Athéna, Artémis, Asclépios, Pan et Poséidon.

Zeus était la divinité la plus populaire à Chaone, mais aussi dans tout le reste de la Grèce du Nord. À Bouthrotos, il était l’un des principaux dieux qui portaient l’épithète " Soter ", qui signifie sauver. Les marins priaient ce dieu pour les protéger. Héraclès était également vénéré à Bouthrotos. Une autre divinité qui tenait un rôle important dans la vie religieuse des Chaoniens était la déesse Athéna.

L’économie

La Chaonie était connue pour sa vie pastorale, particulièrement à l’époque romaine. Virgile, un poète latin contemporain de la fin de la République romaine, en a fait l’éloge dans son livre les Géorgiques. D’autres poètes romains ont également décrit la vie bucolique de la région, similaire à celle de l'Arcadie. Des hommes d’affaires romains s’établissaient dans la région et y installaient des grandes villas, avec des unités d’agriculture et d’élevage. Titus Pomponius Atticus était le plus connu parmi ces hommes. Il élevait des chevaux et disposait de 120 troupeaux de bœufs.

Des pièces de monnaie fabriquées par les Chaoniens ont été découvertes lors de la fouille de Phénice, la capitale. Cela constitue un témoignage de la prospérité économique de la tribu, mais aussi de leur extraversion.

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