Albanie
La mosquée Hadum est l’un des monuments les plus emblématiques et les plus anciens des Balkans. Elle se trouve dans la ville de Gjakova au Kosovo, à une trentaine de kilomètres de la frontière albanaise. Enracinée dans l’histoire ottomane, elle incarne non seulement un riche patrimoine architectural, mais aussi une grande valeur culturelle et religieuse pour la communauté locale. La mosquée Hadum est une attraction incontournable pour les visiteurs intéressés par l’architecture islamique et l’histoire kosovare.
Histoire
La mosquée Hadum a été construite vers 1594-1595, lorsque le Kosovo était sous le contrôle de l’Empire ottoman. Elle aurait pris une vingtaine d’années pour être achevée, un délai inhabituel qui reste inexpliqué. Cette mosquée doit son nom à Hadum Suleiman Aga Bizeban, le chef des eunuques du harem de l’Empire ottoman de l’époque. L’architecte de cet édifice était le célèbre Mimar Sinan, connu pour être à l’origine de nombreuses autres mosquées et monuments historiques de l’Empire.
La mosquée Harum ne servait pas seulement de lieu de culte, mais aussi de centre social et éducatif pour la communauté. Autour d’elle, il y avait des bibliothèques, des écoles coraniques, des bains publics et des boutiques. Ces infrastructures constituaient un véritable centre de vie pour les habitants de Gjakova.
Au fil des siècles, la mosquée a subi des transformations et des rénovations qui ont consolidé son caractère architectural et son statut symbolique. Par exemple, en 1842, un porche de style arabo-andalouse a été ajouté. En 1955, la République de Serbie a reconnu la mosquée Hadum comme « un monument culturel d’une importance exceptionnelle ». Une première restauration eut lieu en 1968 dans le but de préserver l’authenticité de ses fresques et de sa structure.
Il est important de noter que la mosquée Harum a survécu à plusieurs guerres et bouleversements, mais elle a été endommagée à de nombreuses reprises. Lors de la guerre du Kosovo en 1999, le bâtiment a été lourdement détérioré par les forces serbes. Le minaret, le portique, et l’école religieuse furent incendiés.
Architecture
La mosquée Hadum incarne un style islamo-ottoman unique, influencé par les spécificités locales du Kosovo. Sa structure, de sa conception ottomane classique, est sobre et élégante. Sa coupole repose sur une base octogonale.
La salle de prière
Il s’agit de la salle principale de l’édifice. Elle est de forme carrée et surmontée d’un dôme s’élevant à environ 13,5 mètres du sol.
L’intérieur de la mosquée est orné de motifs floraux et géométriques, peints directement sur les murs. Les couleurs utilisées sont le rouge, le vert et le bleu. Les calligraphies en langue arabe, soigneusement dessinées, ajoutent une atmosphère spirituelle apaisante. Ces inscriptions reprennent souvent des versets du Coran, rappelant aux fidèles les enseignements religieux. Les murs sont aussi illuminés par 11 fenêtres réparties de manière symétriques, dont 3 d’entre elles sont disposées en formant un motif triangulaire.
Par ailleurs, une spécificité acoustique avait également été pensée : des petits trous ont été percés dans les parties supérieures des murs. Cela permet une diffusion optimale du son, afin que les sermons de l’imam soient clairement audibles dans toute la salle de prière.
Le Mihrab et le Minbar
Le Mihrab, situé sur le mur sud-est, est une niche demi-circulaire qui marque la direction de la Mecque. Son design en demi-cône attire l’attention. Le minbar, une chaire en bois finement sculptée, se trouve à sa droite. C’est ici que l’imam prêche ses sermons chaque vendredi.
Le portique
La façade nord-ouest est ornée d’un porche de style arabo-andalou, ajouté en 1842, avec trois petites coupoles recouvertes de plomb. Ce portique accueille les fidèles qui prient à l’extérieur lorsque la salle principale est pleine.
Le minaret
Le minaret est une tour polygonale en pierre massive dotée de deux escaliers distincts (un interne et un externe), qui permettent d’accéder au sommet. Il sert de point de repère dans la ville et est visible depuis différents quartiers de Gjakova. Ce minaret permet également à la voix du muezzin de se propager dans la ville pour appeler les fidèles à la prière cinq fois par jour.
Le balcon
Ce balcon en bois, réservé aux femmes, est décoré de motifs géométriques et soutenu par des colonnes massives. Son accès se fait par l’escalier du minaret, séparant les espaces de prière entre hommes et femmes conformément à la tradition islamique.
La bibliothèque et les manuscrits anciens
À côté de la mosquée Hadum se trouvait autrefois une grande bibliothèque, renfermant de nombreux manuscrits anciens, principalement en arabe, persan et turc ottoman. Cet édifice était l’une des plus grandes du Kosovo, témoignant de l’importance culturelle de la mosquée pour la région. Ces manuscrits comprenaient :
- Des copies du Coran
- Des traités de droit islamique
- De la philosophie
- Des œuvres littéraires.
Malheureusement, la guerre du Kosovo en 1999, a entraîné la perte de plusieurs de ces ouvrages ainsi que des livres religieux et des documents précieux qui y étaient conservés. Une grande partie de cette collection a été détruite ou endommagée, constituant une perte irréparable pour le patrimoine historique du pays.
Comment s’y rendre ?
En voiture
Il est possible de se rendre en voiture à la mosquée Hadum, située dans le vieux bazar de Gjakova depuis la ville de Pristina (environ 85 km). Le trajet dure à peu près 1h30 en prenant l’autoroute R7 en direction de l’ouest, depuis la route R107. Par ailleurs, il est aussi possible de rejoindre Gjakova depuis les villes environnantes telles que Pec (environ 40 minutes de trajet) et Prizren (approximativement 1 heure de trajet par la route M9).
En bus
Des lignes de bus régulières relient Pristina et d’autres villes voisines à Gjakova. Les départs sont fréquents.
En taxi ou navette
Des taxis sont disponibles à l’aéroport de Pristina pour transporter les voyageurs à destination. Il existe également certains hôtels de Gjakova peuvent aussi organiser des transferts.
La mosquée Hadum aujourd’hui
Dès le début des années 2000, des efforts de restauration ont été entrepris afin de reconstruire la mosquée Hadum. Ce processus a été temporairement interrompu en 2002 en raison d’un manque d’artisans qualifiés et de matériaux adaptés. Les travaux de restauration reprirent un an après et furent achevés en 2005, redonnant à la mosquée son éclat d’origine.
En 2016, une nouvelle bibliothèque a été ajoutée dans le jardin du monument, en hommage à celle qui avait été perdue en 1999. Des efforts ont été entrepris pour restaurer et conserver ce qui reste des anciens manuscrits, dans l’espoir de redonner vie à cette tradition intellectuelle et spirituelle.
En outre, au-delà de sa fonction religieuse, la mosquée Hadum est aussi un lieu d’enseignement pour la communauté musulmane. Les cours de théologie et les cercles d’études coraniques continuent d’être organisés dans le bâtiment. La mosquée accueille quotidiennement des fidèles pour les prières. Elle devient un lieu de rassemblement communautaire lors des grandes fêtes religieuses comme l’Aïd al-Fitr et l’Aïd al-Adha.
Par ailleurs, de plus en plus de visiteurs, internationaux ou venus de toute la région des Balkans, sont attirés et intéressés par la mosquée Hadum. Les touristes peuvent également faire un tour dans le jardin du monument afin de voir les anciennes tombes caractérisées par leurs pierres richement décorées.
Enfin, la mosquée est aujourd’hui protégée par des lois sur le patrimoine culturel, et elle est inscrite au registre des monuments culturels du Kosovo. Elle est aussi surveillée par des organisations internationales de protection du patrimoine. La raison est qu’il s’agit d’un monument qui incarne une part essentielle de l’histoire culturelle et religieuse de la région.
Infos pratiques
La mosquée Hadum est ouverte aux touristes en dehors des heures de prières. Cela permet de découvrir l’architecture et l’histoire du lieu. Les visiteurs doivent mettre une tenue respectueuse pour visiter ce lieu et retirer leurs chaussures avant d’entrer dans la mosquée. Les femmes sont invitées à couvrir leur tête par respect pour la tradition.
